Un lieu où chacun aurait sa place

13 mai 2017

 
J’aimerais qu’il existe un lieu où chacun aurait sa place, quel qu’il soit, où il puisse se sentir chez lui. Jésus nous dit qu’elle existe, cette demeure du Père, et qu’elle est si grande que nul n’en est exclu. On ne demandera à personne des papiers, des preuves, des justificatifs, des diplômes… Cette maison c’est le coeur du Père, un lieu, si l’on peut dire, où chacun est chez lui parce qu’il n’en serait pas étranger. Il serait, en quelque sorte, vraiment à la maison.

Et en méditant cette idée, je me suis rendu compte que Jésus nous faisait ici un incroyable signe, nous adressait un message inouï: mais oui ! C’est bien de là que nous venons, du coeur du Père. Je sais que cette question nous a tous traversé l’esprit ou le traversera un jour, à savoir: d’où je viens ? Pourquoi je suis là ? Et pour y faire quoi ? Et là Jésus ouvre des perspectives: vous, moi, chacun de nous, croyant ou non, est ici par amour, est ici parce qu’un projet d’amour éternel l’a voulu, l’a désiré. Et même si nous n’avons pas été aimés, ou trop peu, lorsque nous avons poussé notre premier cri (cela arrive parfois) eh bien il y a eu quelqu’un qui désirait que nous soyons là.

Soyons sérieux un instant: tout le monde peut-il se reconnaître dans une telle idée ? Même celui ou celle qui se trouverait trop moche, trop vieux, trop bête, trop timide, et j’en passe… pourrait-il, ou elle, se sentir désiré par Dieu, et aimé de Lui d’une manière totalement inconditionnelle ? Et c’est pourtant ce que dit Jésus: la maison est prête pour nous accueillir. Mais en disant cela, on a souvent fait de terribles contresens. Il ne faut pas regarder au-delà, et après-demain. Il faut regarder ici et maintenant. Avant de parler de la vie d’après, celle qui continue après la mort, Jésus parle d’ici et de tout de suite. Parce que nous savons de lui qu’une maison nous attend, parce qu’au ciel nous sommes chez nous, alors ça change la vie d’ici. Je me demande ce que je fais ici, je me demande quel est le sens ? Le sens, c’est que je suis ici à cause de l’amour. Parce que Dieu aime le monde, même s’il est parfois moche. Il l’aime et il veut de moi que j’apprenne à l’aimer comme lui.

Il y a la guerre ? Je peux apporter la paix, même à mon tout petit niveau. Il y a des laideurs ? Je peux l’embellir. Il y a la colère ? Je peux apporter le pardon. Il y a le découragement ? Je peux apporter l’espérance.

Si j’ai une maison au ciel, qui m’attend, si ma vraie patrie est cette beauté inouïe de Dieu, si je suis comme perdu ici, comme en exil, si je ne sais pas pourquoi c’est ainsi, qu’importe ! Si je veux retrouver la route, Jésus dit qu’elle passe par lui. J’ai peut-être trouvé, là, le guide que je cherchais au plus profond de moi. C’est cette beauté, cette plénitude que je cherche. Je les cherche parfois dans les excès, dans les erreurs, dans des choses très destructrices pour moi et les autres: quête du pouvoir, des honneurs, de stabilité à tout prix, quête de reconnaissance… tout cela n’est qu’une suite de mots pour ne parler que d’une seule quête, celle qui demeure au plus profond, et que rien, ni personne, ne pourra combler: la quête d’un amour total, sans piège, sans conditions. Un amour qui nous regarderait tel que nous sommes et qui ne jugerait jamais, St Augustin le résume de cette phrase magnifique: « Tu nous as faits pour toi, mon Dieu, et notre coeur est sans repos tant qu’il ne demeure en toi ».

Eh bien Jésus nous dit qu’il existe, cet amour-là, on ne le trouve qu’en Dieu. Et le chemin qui y mène passe par le coeur du Christ. Il sait comment s’y prendre pour se laisser aimer par le Père et pour faire de sa vie une réponse à cet amour originel. Il connaît la méthode, elle est un chemin, et elle commence au moment même où en nous-mêmes nous en prenons la décision. Et cette promesse de l’amour originel et éternel, elle ne cesse d’interroger tout ce que nous sommes, elle nous traverse de part en part: qu’as-tu fait du meilleur de toi-même ? Comment utilises-tu les dons que tu as reçus ? Pour en faire quoi ? Fais-tu de ta vie un merci au fait même d’exister ? Alors oui, si la vie est une route, Jésus sait où aller. Ce n’est pas toujours un chemin pavé de roses, une petite route tranquille, au milieu se tient la croix. Cette croix, ça n’est rien d’autre que les pauvretés, que les misères de la condition humaine, ce qui fait que nous ne sommes jamais tout-puissants, et que nous ne le serons jamais. Et nous sommes cloués à cette condition sans rien pouvoir y faire. Mais c’est peut-être là qu’une autre vie peut commencer, une vie plus vraie, plus simple et plus forte, parce qu’elle n’aura nié ni la faiblesse ni les obscurités qui parfois habitent l’existence, les pensées, les actes…

Mes amis, recevoir Jésus en soi, c’est découvrir le début du chemin, ce n’est pas encore l’avoir parcouru. A tous je dis aujourd’hui, cette question est posée, et elle est posée avec la force paisible de ce Dieu qui aime et qui respecte tant notre liberté. Si ma vie est issue d’un amour créateur, si elle est le fruit d’un projet, alors aujourd’hui, comme hier et demain, avec une tendre patience, le Père en cessera jamais de solliciter notre réponse. Il nous dit « Apprends, apprends à aimer comme mon Fils, deviens toi aussi mon enfant, tu verras comme l’amour vrai chasse la peur ».

Emeric DUPONT

 

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