Catéchèse sur la vraie humilité, du Pape François 4ème partie (extraits)

7 février 2015

10. La maladie de diviniser les chefs : C’est la maladie de ceux qui font la cour à leurs supérieurs, en espérant obtenir leur bienveillance. Ils sont victimes du carriérisme et de l’opportunisme, ils honorent les personnes et non Dieu (cf. Mt 23, 8-12). Ce sont des personnes qui vivent le service en pensant uniquement à ce qu’ils doivent obtenir, et non à ce qu’ils doivent donner. Des personnes mesquines, malheureuses, et inspirées seulement par leur égoïsme fatal (cf. Ga 5,16-25). Cette maladie pourrait frapper aussi les supérieurs quand ils font la cour à certains de leurs collaborateurs pour obtenir leur soumission, leur loyauté, leur dépendance psychologique, mais le résultat final est vraiment qu’ils sont complices.

 11. La maladie de l’indifférence envers les autres : quand chacun ne pense qu’à soi et perd la sincérité et la chaleur des relations humaines. Quand le plus expert ne met pas sa connaissance au service des collègues moins experts. Quand on vient à apprendre quelque chose et qu’on la garde pour soi au lieu de la partager positivement avec les autres. Quand, par jalousie ou par malice, on éprouve de la joie à voir l’autre tomber au lieu de le relever et de l’encourager.

 12. La maladie du visage funèbre : celle des personnes revêches et sombres, qui estiment que pour être sérieux il faut revêtir son visage de tristesse, de sévérité, et traiter les autres – surtout ceux que l’on considère comme inférieurs – avec rigidité, dureté et arrogance. En réalité la sévérité théâtrale et le pessimisme stérile sont souvent des symptômes de peur et de manque de confiance en soi. L’apôtre doit s’efforcer d’être une personne courtoise, sereine, enthousiaste et joyeuse qui communique la joie où qu’il se trouve. Un coeur heureux qui rayonne et contamine par sa joie tous ceux qui l’entourent, on le voit tout de suite! Ne perdons donc pas cet esprit joyeux, plein de sens de l’humour, et même d’auto-dérision, qui font de nous des personnes aimables même dans des situations difficiles13. Comme une bonne dose d’humour sain nous fera du bien! Dire souvent la prière de saint Thomas More14 nous fera du bien: je la prie tous les jours, cela me fait du bien.

 13. La maladie d’accumuler : quand l’apôtre cherche à combler un vide existentiel de son coeur en accumulant les biens matériels, non par nécessité, mais pour se sentir en sécurité. En réalité, nous ne pourrons emporter avec nous rien de matériel parce que « le linceul n’a pas de poches » et tous nos trésors terrestres – même si ce sont des cadeaux – ne pourront jamais combler ce vide, au contraire, ils le rendront encore plus exigeant, et plus profond. A ces personnes, le Seigneur redit: « Tu dis: je suis riche, je me suis enrichi, je n’ai besoin de rien. Mais tu ne sais pas que tu es malheureux, misérable, pauvre, aveugle et nu… Aie donc du zèle, et repens-toi » (Ap 3, 17-19). L’accumulation ne fait qu’alourdir et ralentir inexorablement la route. Je pense à une anecdote. Autrefois, les jésuites espagnols décrivaient la Compagnie de Jésus comme la « cavalerie légère de l’Eglise ». Je me souviens du déménagement d’un jeune jésuite: il était en train de charger dans un camion tout ce qu’il avait – bagages, livres, objets, cadeaux -, quand il a entendu un vieux jésuite qui l’observait lui dire : « ce serait cela la « cavalerie légère de l’Eglise ? » Nos déménagements sont un signe de cette maladie.

 14. La maladie des cercles fermés : quand l’appartenance à un petit groupe devient plus forte que celle du Corps et, dans certaines situations, que du Christ même. Cette maladie aussi commence par des bonnes intentions, mais au fil du temps, elle rend ses membres esclaves, devient un « cancer » qui menace l’harmonie du Corps et cause tellement de mal – des scandales – spécialement aux plus petits de nos frères. L’autodestruction ou le « feu ami » des camarades est le danger le plus sournois. C’est un mal qui frappe de l’intérieur 16 et, comme le dit le Christ, “tout royaume divisé contre lui-même va à la ruine” (Lc 11,17).

 15. Et la dernière, la maladie du profit mondain, des « exhibitionnistes »: quand l’apôtre transforme son service en pouvoir, et son pouvoir en marchandise, pour obtenir des profits mondains, ou plus de pouvoir. C’est la maladie des personnes qui cherchent insatiablement à multiplier les pouvoirs et dans ce but, ils sont capables de calomnier, de diffamer, de discréditer les autres, jusque sur les journaux ou les magazines. Naturellement, pour s’exhiber et montrer qu’ils sont plus capables que les autres. Cette maladie-là aussi fait beaucoup de mal au corps parce qu’il conduit les personnes à justifier leur usage de tous les moyens pour atteindre ce but, souvent au nom de la justice et de la transparence! Il me vient à l’esprit le souvenir d’un prêtre qui appelait les journalistes pour leur raconter (et inventer) des choses privées personnelles et réservées sur ses confrères et ses paroissiens. Pour lui, la seule chose qui comptait, c’était de se voir à la une des journaux, parce qu’ainsi il se sentait « puissant et irrésistible ». Il faisait tellement de mal aux autres et à l’Eglise. Le pauvre.

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