« C’est la miséricorde que je désire, non les sacrifices »

5 juin 2005

Dans l’évangile de ce jour, Jésus reprend la parole du prophète Osée entendue dans la première lecture. Il nous fait ainsi entendre, une fois encore, que la liturgie ne sert à rien si elle ne s’accomplit dans l’amour: le geste «vertical » d’offrande à Dieu que nous faisons à la messe n’a de sens pour Dieu que s’il se traduit dans le geste «horizontal» de la justice, du partage, de la solidarité, du pardon… Jésus peut nous dire cela avec une autorité et une force toutes particulières, puisque, sur la croix, c’est de sa vie même, en tant que vie de miséricorde et d’amour, qu’il a fait un « sacrifice » à Dieu.
L’argument peut alors être légitimement retourné : pour que la miséricorde soit offerte comme un « sacrifice », c’est-à-dire pour que l’amour pour autrui soit vécu comme amour pour Dieu lui-même, il faut cultiver en nous le sens liturgique. Jésus s’adressait (tout comme d’ailleurs les prophètes) à des coreligionnaires que menaçait la surabondance des rites : ils « pratiquaient » par habitude, sans trop se soucier de ce qu’une telle pratique liturgique impliquait dans leur vie de tous les jours. S’il s’adressait à nous aujourd’hui, qui sommes menacés plutôt par la sous-alimentation liturgique, il inverserait peut-être l’accent : « n’oubliez jamais que, à travers le visage de l’homme que vous avez souci de servir et d’aimer, c’est Dieu même que vous servez et aimez… C’est pour cela que la liturgie est importante: elle vous rappelle constamment la « divine verticalité » qui se joue dans la « tout humaine horizontalité » de vos gestes de partage et de miséricorde…. »
Ce qui fait justement de notre vie humaine une vie proprement chrétienne n’est pas notre degré de générosité morale : des païens sont aussi (Dieu merci !) capables de donner leur vie pour leurs frères… Qu’est-ce donc alors ? Eh bien, c’est tout simplement le fait qu’elle est vécue, cette générosité, comme une réponse à un engagement et à un amour premiers de Dieu. C’est justement cela que venons célébrer et recevoir à la messe…

Père Louis Marie Chauvet

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