« J’avais faim et vous m’avez donné à manger »

20 novembre 2005

La fête du Christ Roi, qui clôture l’année liturgique, nous met devant les yeux un drôle de « Roi », un roi dont le visage se donne à reconnaître à travers
celui du pauvre, du malade, du prisonnier… A la fin du IVème siècle, l’évêque de Constantinople, par ailleurs immense théologien, St Jean Chrysostome,
n ‘hésitait pas, dans sa basilique de Constantinople , à fustiger les chrétiens à ce propos … Voici un extrait de ce qu ‘il leur disait à ce propos…

Tu veux honorer le Corps du Christ ? Ne le méprise pas lorsqu’il est nu. Ne l’honore pas ici, dans l’église, par des tissus de soie, tandis que tu le laisses dehors souffrir du froid et du manque de vêtements. Car celui qui a dit : Ceci est mon corps , et qui l’a réalise en le disant, c’est lui qui a dit : Vous m’avez vu avoir faim et vous ne m’avez pas donné à manger, et aussi : Chaque foi que vous ne l’avez pas fait à l’un de ces petits, c ‘est à moi que vous ne l’avez pas fait. Ici le corps du Christ n’a pas besoin de vêtement mais d’âmes pures ; là-bas il a besoin de beaucoup de sollicitude.
Je ne vous dis pas cela pour vous empêcher de faire des donations religieuses, mais je soutiens qu’en même temps et même auparavant, on doit faire l’aumône. Quel avantage y a-t-il à ce que la table du Christ soit chargée de vases d’or, tandis que lui-même meurt de faim ?
Commence par rassasier l’affamé et avec ce qui te restera, tu orneras son autel. A quoi bon revêtir la table du Christ de voiles d’or, si tu ne lui donnes pas la couverture qui lui est nécessaire ? Qu’y gagnes-tu ? Dis-moi donc : si tu vois le Christ manquer de la nourriture indispensable et que tu l’abandonnes pour couvrir l’autel d’un revêtement précieux, est-ce qu’il va t’en savoir gré ? Est-ce qu’il va plutôt s’en indigner ? Ne va-t-il pas dire que tu te moques de lui, estimer que tu lui fais injure, et la pire des injures ?
Je ne dis pas cela pour empêcher de faire de telles générosités, mais je t’exhorte à les accompagner ou plutôt à les faire précéder par les autres actes de bienfaisance. Car personne n’a jamais été accusé pour avoir omis les premières, tandis que, pour avoir négligé les autres, on est menacé de la géhenne, du feu qui ne s’éteint pas, du supplice partagé avec les démons. Par conséquent, lorsque tu ornes l’église, n’oublie pas ton frère en détresse, car ce temple-là a plus de valeur que l’autre.
Les exigences de l’évangile, ici vigoureusement rappelées, ne sont pas là pour nous culpabiliser de manière malsaine : nul en effet n ‘est à la hauteur. Dieu, d’ailleurs, n ‘attend pas que nous soyons à la hauteur pour nous accueillir dans son amour sauveur : ce ne sont pas nos bonnes actions qui nous justifient, a souligné Saint Paul, mais le Christ en qui nous mettons notre foi. Puissent donc ces lignes être, non pas culpabilisantes, mais stimulantes …

P. Louis-Marie Chauvet

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