LA LOI DU PLUS FAIBLE

22 septembre 2015

L’Evangile de ce dimanche nous rappelle une fois de plus qu’il n’y a pas de pire sourd que celui qui ne veut pas entendre : Les disciples ne comprenaient pas les paroles de Jésus et ils avaient peur de l’interroger. Tout cela se passait après l’événement de la Transfiguration : Pierre, Jacques et Jean ont vu la gloire de Dieu en Jésus. L’annonce de ses souffrances, sa mort et sa résurrection est inimaginable. En tout cas, c’est absolument contraire à l’idée qu’ils se font du Messie.

En effet, Jésus affirme que la gloire du ressuscité passe par l’humiliation de la croix. Pour nous comme pour les douze, c’est le monde à l’envers. Cet évangile nous renvoie à nous-mêmes, à notre recherche des honneurs, de la promotion, de la réussite matérielle. Nous vivons dans un monde dur et sans pitié pour les petits. C’est la loi du plus fort qui s’impose. Il y a vrai fossé entre cette manière de voir et celle du Christ. S’il a suivi le chemin de la croix, c’est précisément pour nous révéler l’amour infini du Père.

Les disciples n’ont pas du tout envie d’être les derniers. Bien au contraire, on les voit se disputer entre eux pour savoir qui sera le plus grand. Ils sont dans une situation de rivalité, celle dont parlait saint Jacques dans la deuxième lecture.

Ces instincts qui mènent leur combat en nous-mêmes, nous les connaissons bien. Ils font partie de notre nature humaine. Si nous nous laissons guider par nos seuls instincts, il manquera quelque chose d’essentiel à notre équilibre humain. Ce qui est important, c’est d’apprendre à les gérer. Sinon, ils deviendront vite anarchiques et pourront entraîner aux pires excès.

En voyant cela, Jésus n’a pas l’air horrifié. Bien au contraire, il les prend au mot : Vous voulez être les premiers ! D’accord. Alors, je vais vous montrer le chemin qu’il faut suivre pour y parvenir : Celui qui veut être le premier, qu’il se fasse le dernier, le serviteur de tous. Et si quelqu’un veut être le plus grand, qu’il soit l’esclave de tous. »

Pour nous aider à comprendre cela, Jésus va accomplir un geste fort : il va prendre un petit enfant et va le placer au milieu d’eux ; il veut ainsi leur montrer que le plus grand c’est lui. Quand nous accueillons un enfant au nom de Jésus, c’est lui que nous accueillons.

Ce geste est d’autant plus choquant qu’il ne correspond pas du tout à la mentalité de l’époque : C’est un contexte totalement différent du nôtre. L’enfant dont il est question n’est pas « l’enfant roi » de nos familles. Il est celui qui ne compte pas, celui qui n’a pas le droit d’entrer dans la conversation des adultes. Son point de vue n’intéresse personne. Il est vraiment le dernier de tous.

En le mettant à la place d’honneur, Jésus nous montre qu’il est du côté des exclus, de tous ceux et celles qui n’ont pas droit à la parole. Ils ont la première place dans le coeur de Dieu. Bien plus, il se reconnaît en chacun d’eux. Tout ce que nous aurons fait au plus petit de nos frères, c’est à Jésus que nous l’aurons fait. Malgré vingt et un siècles de christianisme, on est horrifié de voir tous ces enfants qui, dans le monde, sont les victimes innocentes de la folie des hommes.

En ce dimanche, accueillons l’interrogation de Jésus : « De quoi discutiez-vous en chemin ?» En chemin, au travail, dans les loisirs, en famille ? Quelle est notre préoccupation fondamentale pour nos enfants, petits-enfants et pour nous ? Réussite matérielle ou service des autres ? En tout cas, une chose est sûre : Seule une Eglise servante et solidaire des petits est l’Eglise de Jésus Christ.

Emeric DUPONT

 

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