Qu’est-ce qui est « naturel » dans l’homme ?

17 septembre 2012

Quand Dieu entre dans la vie d’un être humain, que ce soit par l’occasion d’une conversion personnelle ou d’une découverte soudaine ou encore d’une transmission familiale d’un témoignage de foi, la question se pose un jour ou l’autre de ce qui est notre part à faire. Si Dieu est Tout-Puissant, qu’est-ce qui reste à l’homme ? Pourquoi Dieu a-t-il BESOIN de l’homme ? Et si, comme cela arrive parfois, nous nous dépassons, nous allons au-delà de nous même, nous traversons une épreuve qu’on aurait cru infranchissable, alors nous nous demandons : est-ce grâce à Dieu ? Ou bien suis-je le seul artisan de ma réussite ? Y a-t-il eu un petit « coup de pouce » surnaturel ou bien Dieu n’a-t-il fait qu’encourager « de loin » ce qui en moi est naturel ? Comment dépasser le vieux débat du Moyen-Âge entre nature et surnature ? Depuis que la question se pose, la manière la plus légitime a semblé de centrer le propos sur la théologie biblique de l’homme comme « image de Dieu ». Ce débat a pris une tournure d’une exceptionnelle intensité lors du Concile Vatican II, qui a tranché ainsi :

 « Quiconque suit le Christ, homme parfait, devient lui aussi plus homme ». (Gaudium et Spes, 1964)

         Le discours sur la dignité de l’homme est très actuel : des millions d’hommes s’accordent pour la défendre aujourd’hui, même s’ils ont des conceptions religieuses, sociales, philosophiques ou anthropologiques différentes. C’est un discours auquel nous, les chrétiens, participons bien volontiers car, comme l’a proclamé le Concile Vatican II, l’Église  » défend la dignité de la vocation de l’homme «  (Gaudium et Spes, 1964), et redonne l’espérance à ceux qui désespéraient de la voir reconnue. Mais si ce discours très est actuel, la réponse de la foi est ancienne, puisqu’elle fut énoncée par le Pape Léon le Grand dès l’année 440, à l’occasion de Noël. Après avoir exhorté tous les fidèles à se réjouir et à rendre grâce à Dieu d’être  » devenus participants de la naissance du Christ « , il les exhorta en ces termes :  » Chrétien, prends conscience de ta dignité, car tu es devenu participant de la nature divine «  (Homélie de Noël, chapitre 1). Dix ans plus tard, il déclarait dans un autre sermon de Noël :  » La naissance du Christ marque l’origine du peuple chrétien […] désormais, nous n’appartenons plus à la lignée de notre père selon la chair, mais à la descendance du Sauveur, qui s’est fait fils de l’homme pour que nous puissions ainsi devenir les fils de Dieu  » (Homélie de Noël, chapitre 6).

Dans Gaudium & Spes, le Concile Vatican II nous offre une page magnifique sur la dignité humaine fondée sur l’incarnation. Voulons-nous connaître la vraie valeur de l’homme, sa destination, le sens de son existence, et d’où lui vient sa vraie dignité ? La réponse nous est donnée par le vrai feu qui éclaire :  » En réalité, le mystère de l’homme ne s’éclaire vraiment que dans le mystère du Verbe incarné  » (G&S 22/1). Et cela dès l’incarnation :  » Parce qu’en Lui, la nature humaine a été assumée, non absorbée, par le fait même, cette nature a été élevée en nous aussi à une dignité sans égale. Car par son incarnation le Fils de Dieu s’est en quelque sorte uni Lui-même à tout homme  » (G&S 22/2). Dès lors, il n’est pas seulement l’un d’entre nous ; il a aussi donné son centre, ou plutôt son sommet, Lui-même, à tout le genre humain. Aucun homme n’est étranger à Jésus : c’est pourquoi l’œuvre de la rédemption, le mystère pascal du Christ, ne concerne pas seulement les chrétiens.  » En effet, puisque le Christ est mort pour tous et que la vocation dernière de l’homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l’Esprit Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’être associé au mystère pascal  » (GS 22/5). Il appartient à l’homme de bien user de sa liberté en accueillant docilement l’action du Christ, sans y opposer de résistance. C’est là sa grande dignité.

Cette idée de « dignité de l’homme » permet de dépasser le vieux débat naturel/surnaturel, c’est-à-dire ce qu’il y a d’ordinaire ou d’extraordinaire dans notre vie chrétienne. La dignité, c’est un état permanent, une reconnaissance extérieure de quelque chose de toujours vrai. En affirmant que l’homme est digne par nature, Dieu, dans la Bible, fait de l’homme une créature naturelle regardée d’une manière sur-naturelle, par Dieu lui-même. C’est le regard de Dieu sur l’homme qui le change en profondeur et lui donne la plénitude de ce qu’il doit être et accomplir. On touche alors à la vocation « divine » de l’homme, appelé, au travers l’humble quotidien, à réaliser des choses hors du commun : aimer ses ennemis, pardonner « soixante dix fois sept fois », souhaiter du bien à ceux qui nous maudissent, « être parfait comme le Père céleste est parfait »…  Un programme impossible à l’homme… mais possible à Dieu DANS l’homme, celui qui lui laisse la place !

                                                                                               Père Emeric DUPONT, Curé

Une réponse à Qu’est-ce qui est « naturel » dans l’homme ?

  1. Samantha on 21 septembre 2012 at 18 h 40 min

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