Une vie pour guérir de la vie

30 avril 2016

Pour quelques instants, faisons un rêve. Laissons de côté nos préoccupations du moment qui nous encombrent l’esprit et le coeur. Imaginons qu’un jour un contre virus universel, un antidote absolu, un médicament total, se répande dans l’air qu’on respire et aille de personne restaurer la santé et la vitalité, remette debout ceux qui étaient souffrants, se propage à vitesse du vent qui circule et change la face du monde en rendant à tout homme ce qui est son dû, ce qui n’est pas négociable : la dignité, la santé, le droit de vivre libre et debout. Ce serait merveilleux, n’est-ce pas ?

Eh bien maintenant, si vous le voulez bien, regardons ce qu’a fait Jésus pendant les trois ans de sa vie publique. L’essentiel de son temps, il l’a passé à guérir, à tour de bras, à la chaîne, autant qu’il le pouvait. Loin d’être un acte de m’as-tu-vu qui veut se faire remarquer, ces guérisons étaient un signe d’une réalité bien plus grande que lui, devant laquelle il s’est toujours effacé. Que l’on croie ou non à ces guérisons, elles sont décrites comme un révélateur : Jésus a reçu le pouvoir de guérir le corps mais il insiste sur le fait que le plus important, ce dont il faut prendre soin avec encore plus d’acharnement, c’est l’âme. L’âme, ce principe spirituel mystérieux qui nous survivra après que le corps s’en soit allé se dissoudre dans la terre, l’âme ce meilleur de nous-même, notre quintessence, ce qui atteste que nous ne sommes pas qu’un tas d’atomes assemblés par le hasard. L’âme, plus malade et blessée que n’importe quel corps souffrant sur la terre. L’âme, séparée de son Dieu, qui pleure sur sa solitude et son aveuglement, l’âme qui ne sait pas qu’elle est âme et qui désire tout, qui désire l’absolu et ne le trouve pas sur la terre. L’âme qui inconsciemment soupire après ce monde de lumière et de plénitude d’où elle vient et où la vie terrestre la conduit. Nous sommes sur la terre pour guérir. Jésus nous a révélé cette faille originelle que nous ignorions: nous sommes séparés du Père. En nous quittant il y a 2000 ans il nous laisse un vide, il révèle cette terrible maladie qu’est la séparation, et il nous montre un chemin. Tous les médecins vous le diront, pour guérir il faut désirer guérir. Il faut évidemment se savoir malade. Il faut adopter un comportement, un mode de vie, compatible avec la convalescence. Son départ va enclencher un mouvement qui va mettre en marche tout un peuple, une foule innombrable, qui désire devenir comme lui. Qui désire hériter de la liberté, de la vérité et de la lumière incréée. Qui espère vivre debout et guéri, restauré dans sa magnificence originelle.

Le don de l’Esprit Saint qu’il nous offre dans le baptême et dans tout sacrement, c’est la promesse d’une guérison. Mais l’Esprit Saint, en nous, ne fait pas tout tout seul. Il a besoin que nous menions la vie qui l’aidera à nous aider. Il ne cesse de nous murmurer:cesse de te lamenter sur toi-même, cesse de te regarder le nombril, de te contempler en train de réussir ou d’échouer, de tout ramener à toi comme si tu étais le centre de l’univers. Tu n’es pas le centre. Tu n’es qu’un atome mais un atome qui a une âme, un atome promis à l’infini, un trois fois rien qui hérite de la totalité de la splendeur du monde. Tu n’es pas le centre, le centre est ailleurs, cherche-le. Il veut t’attirer à lui. Mais sans rien forcer, avec douceur et patience. Il veut te ramener à la maison, là d’où tu viens. Tu es fait pour la beauté et la joie, pas pour la tristesse et la douleur, voilà ce que Jésus est venu révéler. Voilà ce qu’il t’offre, humblement, il t’offre de guérir de la séparation d’avec le Père du ciel. Il t’offre un retour vers ce qu’il y a de meilleur en toi. Car en vérité, se réconcilier avec Dieu et faire la paix avec soi, c’est au fond une seule et même chose. Il t’offre de devenir lumière comme il l’est lui-même, de devenir un feu d’amour brûlant. Alors crois-moi, tu n’auras plus peur de souffrir, d’être seul, d’affronter la vie et ses tempêtes. Comme le dit Isaïe, le prophète: la nuit de ta vie deviendra lumière de plein midi.

Il la voyait, l’apôtre Jean, en écrivant l’apocalypse, cette humanité enfin parvenue à son terme, enfin réconciliée avec son Dieu. Plus besoin d’attendre quelque-chose d’en haut car c’est de l’intérieur du coeur de l’homme que Dieu veut régner sur l’univers. Ce Père fou d’amour pour nous ne fera plus rien sans nous désormais. La lumière, un jour, viendra de l’intime de nous-mêmes, et si tous ensemble nous devenons lumière, le monde brillera d’une splendeur inégalée:

Dans la cité, je n’ai pas vu de temple, car son Temple, c’est le Seigneur, le Dieu tout-puissant, et l’Agneau.La cité n’a pas besoin de la lumière du soleil ni de la lune, car la gloire de Dieu l’illumine, et sa source de lumière, c’est l’Agneau.

Emeric DUPONT

 

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