Chers amis, nous avons commencé la semaine dernière à examiner cet appel du Christ au dépouillement pour mieux s’enrichir d’autre chose, de plus grand et de plus à même de nous combler. Le jeune homme riche de la parabole désire accéder à une vie meilleure, il fait tout ce que la bonne morale réclame. Il n’est pas satisfait. Il veut « la vie éternelle » et il la veut maintenant ! Jésus ne s’offusque pas d’une telle demande. Il lui trace un programme en trois points.
« Si tu veux être parfait,
va, vends ce que tu as, donne-le aux pauvres,
tu auras alors un trésor dans le ciel.
Puis viens, et suis-moi ». (Matthieu 19, 21)
« Si tu veux être parfait,
va, vends ce que tu as, donne-le aux pauvres,
tu auras alors un trésor dans le ciel.
Puis viens, et suis-moi ». (Matthieu 19, 21)
Lorsque Jésus dit « va! » il dit « prends la décision de changer quelque chose, aujourd’hui, pas demain ». Demain n’existe pas, pas plus qu’hier d’ailleurs. « Va » veut dire « avance, va vers la lumière, sors des ténèbres ». Vivre dans la lumière, c’est aussi voir les choses comme elles sont, arrêter de nous faire des illusions sur nous-mêmes et sur les autres. Une des illusions que nous avons souvent, c’est de croire que, parce que nous sommes chrétiens, nous n’aurons jamais de conflits, jamais de difficultés, jamais de fautes, jamais de péchés. Ce serait alors oublier cette donnée capitale: le péché n’est rien d’autre que ce qui nous sépare de Dieu. Le péché (ce mot devenu si étranger à nos univers qu’on le croit tout juste sorti d’un vieux manuel de morale poussiéreuse), c’est chaque fois que nous ratons la cible, que nous sommes à côté du projet de Dieu pour nous, et ce projet, c’est que nous ayons la Vie. C’est une illusion qui nous conduit parfois à être déçus de l’église, déçus des chrétiens. Nous sommes déçus parce que nous ne vivons pas dans la réalité, dans la lumière.
La réalité n’est pas seulement que nous sommes une communauté de croyants, de gens qui cherchent à être fidèles au Seigneur, mais la réalité est aussi que nous sommes une communauté de pécheurs, de gens qui ratent régulièrement la cible. Nous sommes une communauté de pécheurs ! Le reconnaître, c’est vivre dans la lumière, c’est arrêter d’entretenir l’illusion. Regardez ce que l’apôtre Jean dit à ce propos, dans sa première lettre, au chapitre 1, verset 8 : « Si nous disons que nous n’avons pas de péché, nous nous séduisons nous-mêmes, et la vérité n’est pas en nous ». Et verset 10 : « Si nous disons que nous n’avons pas péché, nous le faisons menteur, et sa parole n’est pas en nous ».
Alors pourquoi ratons-nous la cible ? Pourquoi ne parvenons-nous pas à mettre en « en plein dans le mille » dans l’objectif que Dieu nous propose, qui est de vivre de Sa Vie ? Ce peut-être que la corde de l’arc (l’énergie déployée) est trop faiblement tendue, que la flèche (les moyens que nous nous donnons) n’est pas assez affûtée ou que la cible est difficile à discerner dans le paysage alentour (parce que nous ne connaissons pas assez l’invitation de Dieu en elle-même ou elle n’a pas assez pris sa place dans notre vie), peu importe… Jésus ne dit jamais « alors ne tente rien, n’essaye pas » ou « reste chez toi » ou « enterre ton talent ». Il invite au contraire à l’essai, au risque, à l’avancée… même si l’on échoue. Il ne dit pas « réussis ! », il dit simplement « va! ».
(La semaine prochaine :
« Vends ! » L’appel à lâcher les fausses sécurités)
Père Émeric DUPONT