HOSANNA AU FILS DE DAVID !

17 avril 2011

Lorsque Jésus monte à Jérusalem, la foule l’acclame comme figure reconnue de l’Envoyé, celui qui a reçu l’onction, ou « Christ ». Cette manière d’acclamer Dieu, de manifester sa joie, peut nous sembler aujourd’hui très exubérante, comme un débordement affectif mal contenu. Et pourtant, l’idée de louer Dieu est aussi ancienne que l’histoire de la foi dans le Dieu unique « Par des psaumes, des hymnes et de libres louanges, chantez le Seigneur et célébrez-le de tout votre coeur. A tout moment et pour toutes choses, rendez grâce à Dieu le Père, au nom de notre Seigneur Jésus Christ » nous dit la Lettre de Paul aux Ephésiens (ch.5, v.19-20).

Dès les commencements de l’Eglise, cette dimension d’action de grâces pour l’oeuvre de Dieu a été centrale. Elle n’est pas neuve. Le psaume 150, comme beaucoup d’autres psaumes, invite à chanter et à crier la grandeur du Créateur : « Louez Dieu dans son temple saint, louez-le au ciel de sa puissance ; louez-le pour ses actions éclatantes, louez-le selon sa grandeur ! ». Marie elle-même, envahie de la joie de l’Esprit-Saint, après l’annonce de sa désignation comme Mère du Sauveur, entonne l’une des plus belles louanges du Nouveau Testament, le Magnificat, où elle chante la grandeur de Dieu qui, par des chemins inattendus, vient rejoindre l’homme pour le sauver.

La tradition de l’Eglise tient beaucoup à cette dimension de la vie chrétienne. Et la louange a pris des formes diverses au cours des siècles. Les premiers frères de St François se faisaient connaître, dans les villes où ils entraient, par leurs chants joyeux à la gloire du tout-Puissant, célébrant sa beauté à travers celle de la nature entière. Saint Ignace de Loyola affirme pour sa part, au XVI ème siècle, que « l’homme est créé pour louer Dieu Notre Seigneur » (Exercices Spirituels n°23). Cette idée, basée sur tout ce que la Bible dit du rapport Dieu-homme, affirme que la louange de l’homme n’est qu’une réponse naturelle à la louange… de Dieu ! N’oublions pas que dans le livre de la Genèse, en contemplant sa création, Dieu lui-même s’exclame que tout cela est « très bon ». L’homme s’inscrit donc dans cette bénédiction originelle, à laquelle il répond librement par cette reconnaissance du don de la vie que Dieu lui fait. Le Concile Vatican II affirme l’unité de l’Eglise de la terre avec elle du ciel (les anges et les saints): «  Tous, à des degrés et sous des formes diverses, nous communions dans la même charité envers Dieu et envers le prochain, chantant à notre Dieu le même hymne de gloire » (Lumen Gentium n°49). Au fil des siècles, le chrétien a approfondi cette dimension de sa vocation, qui consiste à faire de sa vie ce « merci » à l’oeuvre de Dieu, qui est toujours première.

De nombreuses formes de louange se sont développées depuis, s’inspirant des rassemblements évangéliques américains, et dans la lignée des communautés nouvelles, ré-inventent une forme de prière joyeuse et rythmée, basée sur des chants célébrant la grandeur de Dieu, du Christ, de l’Esprit Saint… Louer Dieu, ce ne serait au fond rien d’autre que de retrouver notre juste place face à Lui. Ni anéantis, ni prétendument ses égaux, mais positionnés comme des créatures aimées et invitées à devenir héritiers avec le Christ. Comme Marie lors de l’Annonciation, nous sommes invités à laisser déborder la joie de nous savoir inscrits dans un tel projet où Jésus peut affirmer que son amour vainqueur a triomphé définitivement du mal.

P. Emeric Dupont 11reflexion

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