Un lieu où chacun puisse habiter

19 mai 2014

J’aimerais qu’il existe un lieu où chacun aurait sa place, quel qu’il soit, où il puisse se sentir chez lui. Jésus nous dit qu’elle existe, cette demeure du Père, et qu’elle est si grande que nul n’en est exclu. On ne demandera à personne des papiers, des preuves, des justificatifs, des diplômes… Cette maison c’est le cœur du Père, un lieu, si l’on peut dire, où chacun est chez lui parce qu’il n’en serait pas étranger. Il serait, en quelque sorte, vraiment à la maison.

Et en méditant cette idée, je me suis rendu compte que Jésus nous faisait ici un incroyable signe, nous adressait un message inouï : mais oui ! C’est bien de là que nous venons, du cœur du Père. Je sais que cette question nous a tous traversé l’esprit ou le traversera un jour, à savoir : d’où je viens ? Pourquoi je suis là ? Et pour y faire quoi ? Et là Jésus ouvre des perspectives : vous, moi, chacun de nous, croyant ou non, est ici par amour, est ici parce qu’un projet d’amour éternel l’a voulu, l’a désiré. Et même si nous n’avons pas été aimés, ou trop peu, lorsque nous avons poussé notre premier cri (cela arrive parfois) eh bien il y a eu quelqu’un qui désirait que nous soyons là.

Soyons sérieux un instant : tout le monde peut-il se reconnaître dans une telle idée ? Même celui ou celle qui se trouverait trop moche, trop vieux, trop bête, trop timide, et j’en passe… pourrait-il, ou elle, se sentir désiré par Dieu, et aimé de Lui d’une manière totalement inconditionnelle ? Et c’est pourtant ce que dit Jésus : la maison est prête pour nous accueillir. Mais en disant cela, on a souvent fait de terribles contresens. Il ne faut pas regarder au-delà, et après-demain. Il faut regarder ici et maintenant. Avant de parler de la vie d’après, celle qui continue après la mort, Jésus parle d’ici et de tout de suite. Parce que nous savons de lui qu’une maison nous attend, parce qu’au ciel nous sommes chez nous, alors ça change la vie d’ici. Je me demande ce que je fais ici, je  me  demande quel est le sens ? Le sens, c’est que je suis ici à cause de l’amour. Parce  que  Dieu aime  le  monde, même s’il est parfois moche. Il l’aime et il veut de moi que j’apprenne à l’aimer comme lui. Il y a la guerre ? Je peux apporter la paix, même à mon tout petit niveau. Il y a des laideurs ? Je peux l’embellir. Il y a la colère ? Je peux apporter le pardon. Il y a le découragement ? Je peux apporter l’espérance.

Si j’ai une maison au ciel, qui m’attend, si ma vraie patrie est cette beauté inouïe de Dieu, si je suis comme perdu ici, comme en exil, si je ne sais pas pourquoi c’est ainsi, qu’importe ! Si je veux retrouver la route, Jésus dit qu’elle passe par lui. J’ai peut-être trouvé, là, le guide que je cherchais au plus profond de moi. C’est cette beauté, cette plénitude que je cherche. Je les cherche parfois dans les excès, dans les erreurs, dans des choses très destructrices pour moi et les autres : quête du pouvoir, des honneurs, de stabilité à tout prix, quête de reconnaissance… tout cela n’est qu’une suite de mots pour ne parler que d’une seule quête, celle qui demeure au plus profond,  et que rien, ni personne, ne pourra combler : la quête d’un amour total, sans piège, sans conditions. Un amour qui nous regarderait tel que nous sommes et qui ne jugerait jamais, St Augustin le résume de cette phrase magnifique : « Tu nous as faits pour toi, mon Dieu, et notre cœur est sans repos tant qu’il ne demeure en toi ».

                                                                                                                                             Émeric DUPONT

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