50 ans de ministère presbytéral, par le père Michel Thoorens.

22 juin 2013

1ère partie

Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc. (Luc 18/18-23)

Un notable interrogea Jésus en disant : « Bon maître, que faut-il faire pour avoir en héritage la vie éternelle ? »Jésus lui dit : « Pourquoi m’appelles tu bon ? Nul n’est bon que Dieu seul. Tu connais les commandements : Ne commets pas d’adultère, ne tue pas, ne vole pas, ne porte pas de faux témoignages, honore ton père et ta mère. »« Tout cela, je l’ai observé dès ma jeunesse. »Entendant cela Jésus lui dit : « Une chose te fait défaut : Tout ce que tu as, vends le et distribue le aux pauvres, et tu auras un trésor dans les cieux.
Puis viens, suis moi. »  Mais lui, entendant cela, devint tout triste, car il était fort riche.

Ce passage de Saint Luc était à la base de la réflexion du père Le Bourgeois, aumônier national des Scouts de France au camp de formation des chefs en juillet 1952. Il n’avait pas envisagé la richesse sous l’aspect de l’argent, mais de notre culture dans la société sécularisée. Était-elle un obstacle qui, au XX° siècle, nous éloignait de l’appel du Christ à la vocation sacerdotale ? Ce fut la 1° fois que je me sentis concerné par l’appel au sacerdoce.

D’où trois réflexions :

– Rien ne m’avait préparé à la vocation presbytérale.

– Vatican II et son contexte.

-L’annonce de l’Évangile dans la société sécularisée.

1.- Rien ne m’avait préparé à la vocation presbytérale.

Mon père dirigeait son atelier de dessin, peinture et photographie au quartier latin entre le Panthéon et  le boulevard Saint Michel. Dès ma naissance il me mit sur les bons rails qui furent ceux de toute mon existence. Entre les deux guerres il illustrait les articles et les livres des explorateurs, des coloniaux et des marins qui parcouraient le monde. Il me racontait leurs exploits et quelques fois il me présentait à eux. Le commandant Charcot était un habitué de l’atelier, je l’ai rencontré à l’âge de 6 ans en 1935. J’ai reçu mon premier voilier à l’âge de 3 ans je le faisais naviguer sur le bassin du jardin du Luxembourg.

Nous passions chaque été un mois de vacances, en famille, à l’hôtel, en Bretagne ou en Normandie. C’est à Luc sur mer en 1936 (j’avais 7 ans) que mon père m’avait appris à lire la carte marine et à faire le point en mer par triangulation, à l’aide d’une alidade et d’un compas. Entre mes ¾ ans et mes 14 ans, trois dimanches après midi par mois, en famille,  nous visitions les musées parisiens : Le Louvre, Cluny, Carnavalet, la Marine, le musée de l’Homme. Nous nous arrêtions devant un tableau ou un objet et mon père nous faisait revivre l’époque le concernant.

J’appris à lire et à écrire à la maison, avant d’entrer en 11° au lycée Montaigne à l’âge de 6 ans. Dès cet âge mon père m’avait fait 25 tableaux à partir de grandes feuilles doubles quadrillées, une par siècle, avec les dates en marge, elles étaient divisées en hauteur  en quatre tranches de 25 ans.

Chaque fois que mon père m’avait fait découvrir quelque chose, il me le faisait inscrire à sa date. Ma bonne connaissance de l’Histoire reposa toute ma vie sur cette chronologie mise en place dans ma mémoire entre mes 6 et 10 ans. Le dernier élément de ma culture due à mon père est mon arbre généalogique. Un de mes ancêtres, chevalier du comte de Flandre participa à la quatrième croisade, un autre fut médecin de Charles Quint. Un de mes oncles fut chevalier de Malte. Liévin Thoorens, armateur au XVII° siècle avait fait fortune dans le commerce des épices de la Compagnie des Indes.

J’étais l’aîné des Thoorens et j’avais été mis au monde pour continuer l’Histoire de ma famille. L’enthousiasme du courrier reçu par mes parents après ma naissance en fait foi. En conséquence, dès mes 18 ans mon père me mit en garde de ne pas tomber amoureux de la première jeune fille venue. Ma priorité devait être ma profession et les études qui y correspondaient. Ensuite je pourrais choisir une jeune fille qui vivrait en harmonie avec ma vie professionnelle.

Au retour de mon service militaire j’étais entré au contentieux maritime du Groupe Drouot, tout en poursuivant des études de droit maritime. J’avais fait quelques « boums » à Saint Leu,  à la recherche de l’élue qui accepterait de me suivre au bout du monde, dans l’Agence d’une Compagnie d’assurances maritimes ou d’une Compagnie de navigation. Mais j’étais en même temps le chef de troupe Scouts de France de Saint Leu, d’où ma participation au camp de Chamarande en juillet 1952.

(suite la semaine prochaine)

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