LA FORCE DE L’ESPRIT SAINT : PLUS FORTE « MALGRÉ TOUT »

20 mai 2017

Revenons un peu à nos fondamentaux, aux piliers de notre foi. Prenons le mystère de Dieu par exemple. Le Fils, Jésus, ne pose pour nous pas de problème. Encore qu’un certain nombre de chrétiens doutent de son existence malgré les traces assez certaines que nous laissent des textes divers, de sources variées, et pas que chrétiens. D’autres se disent qu’il est difficile à croire qu’il soit Fils de Dieu, c’était juste peut-être quelqu’un de bien.

Passons ! Le Père, bon, on ne l’a jamais vu, mais on a tous en tête l’image du vieillard barbu, une sorte de Jupiter christianisé. C’est ridicule, mais c’est souvent ainsi.

Reste l’Esprit Saint. Alors là, néant ! On sait que ce n’est pas une colombe, ce qui n’aurait aucun sens, même s’il avait cette apparence lors du baptême du Christ. L’Esprit Saint, on ne peut ni le voir, comme le Père, ni même l’imaginer.

Les rédacteurs des Evangiles ont eu tellement de mal à cerner l’Esprit Saint qu’ils ont employé des images foisonnantes pour essayer d’en rendre compte: brûlant comme un feu qui éclaire et réchauffe, limpide et rafraîchissant comme une source d’eau pur, léger et libre comme un souffle de vent, signe de paix entre les êtres comme la colombe le symbolise…

Dans l’Evangile de ce dimanche, Jésus nous en dit un peu plus sur l’Esprit Saint. C’est intéressant, parce qu’il en a une expérience forte et intime. Il l’appelle « Esprit de vérité », parce que la relation d’amour que Jésus partage avec son Père est totalement vraie, authentique. Il se donne tout entier et se reçoit tout entier. Difficile à croire pour nous, dans une vie ou l’ambigüité est de mise, elle est omniprésente. Même son mari ou sa femme, même ses propres enfants, ses parents, ses proches… Qui peut dire qu’il les aime d’un amour toujours ouvert, toujours offert, qui n’attend rien ?

Non, décidément, cet amour-là n’est pas de ce monde. Et pourtant, Jésus nous affirme que cet amour-là, même s’il nous semble inaccessible, est la vérité.

L’Esprit Saint, cet amour qui circule du Père au Fils et du Fils au Père au coeur de la vie trinitaire, on ne peut le voir ou même le représenter, c’est pour cela que notre monde a du mal à l’accueillir, nous dit Jésus. Alors comment le rendre concret ? Comment faire en sorte que l’Esprit Saint, ce ne soit pas juste un concept abstrait, lointain, et finalement inintéressant ? Parce que l’Esprit de vérité, nous dit Jésus, ce n’est pas simplement du décorum, il n’est pas là pour faire joli. C’est de vie et de mort dont il s’agit, c’est vital ! Vivre de l’Esprit, c’est vivre de la vie que le Père nous offre ! Ce n’est pas rien ! C’est une vie forcément transformée, éclairée, purifiée, bref, ça doit changer quelque chose ! Alors comment savoir si je vis dans l’Esprit, Esprit d’amour qui unit le Père et le Fils, le Fils et le Père ? Eh bien d’abord, je puis me poser la question ? Est-ce que je les aime ? Est-ce que j’aime mon prochain ? Et jusqu’à quel point ? Et moi ? Suis-je capable de m’aimer, de m’accepter comme cadeau que Dieu fait au monde ? Sondons nos coeurs, et nous accepterons très vite de reconnaître que d’un tel idéal nous sommes encore bien loin, trop loin peut-être pour vraiment dire que nous vivons du Christ. Mais c’est un idéal, ce sont les commandements laissés par Jésus ! Ils sont nos points de repères, permettant de se redemander sans cesse ? Suis-je bien en chemin, suis-je bien sur ce chemin-là ? Celui que Jésus emprunte et que je dois suivre à mon tour ? L’Esprit Saint, c’est à l’intérieur de soi qu’on en fait l’expérience. Vous le connaissez, dit Jésus, parce qu’il est en vous. Chaque fois que je désire la paix plutôt que la guerre, même si c’est compliqué, chaque fois que j’encourage plutôt que je condamne, chaque fois que je refuse les facilités, les mesquineries, les bassesses des paroles et des actes, chaque fois que je reprends courage malgré l’adversité, chaque fois que je prends patience dans la souffrance et que j’essaye de donner le meilleur de moi-même ; chaque fois que je me surprends, mais en bien, c’est qu’une force m’a donner envie d’aimer malgré tout. Aimer malgré tout, espérer contre toute espérance, faire l’expérience d’une paix profonde qui accompagne de vraies décisions mûries et prises dans la prière, c’est la marque de l’Esprit Saint.

Et c’est parce que c’est une nouvelle manière de vivre, c’est parce que la vie dans l’Esprit est nouvelle, jaillissante, puissante et forte comme l’amour seul peut l’être lorsqu’il est vrai, je ne peux pas rester indemne d’un tel don. Aujourd’hui, comme hier, accueillons-le dans le silence et la gratitude.

Emeric DUPONT

 

Les commentaires sont fermés.