Ce matin je nous fais cette invitation à la suite de l’évangile de ce jour:
Au matin de Pâques, l’Eglise chante avec le psaume 62 :
« j’ai vu ta force et ta gloire, ton amour vaut mieux que la vie ! Comme par un festin je serai rassasié ; la joie sur les lèvres, je dirai ta louange ».
Le ressuscité se laisse rencontrer dans des signes simples : le poisson partagé sur le rivage, ses blessures qu’il donne à toucher, sa paix qu’il répand dans les cœurs… Mais ces signes sont porteurs de la plénitude de vie et d’amour de Dieu, et « comme un festin », ils rassasient le cœur.
Alors que notre horizon et nos possibilités se sont largement réduits, nous pouvons être plus attentifs aux simples choses qui nous sont données chaque jour, et y reconnaitre. Prenons le temps aujourd’hui de gouter davantage une parole, une priere, un instant de paix, un signe d’amitié ou un geste de partage : dans leur petitesse, ils peuvent véritablement nous rassasier! Car ils sont porteurs de la bonté de Dieu.
La sobriété, qui est vécue avec liberté et de manière consciente, est libératrice. Ce n’est pas moins de vie ; car, en réalité, ceux qui vivent mieux chaque moment sont ceux qui qui cessent de picorer ici et là en cherchant toujours ce qu’ils n’ont pas, et qui font l’expérience de valoriser chaque personne et chaque chose, en apprenant à jouir des choses les plus simples. Ils ont moins de besoins insatisfaits, et sont moins fatigués et moins tourmentés. On peut vivre intensément avec peu ! (n°223)
Nous pensons à tous les catéchumènes de notre paroisse : Ines et Corentin, avec leur petite Elise, Elody, Emilie, Hafid, Massoud, Patrick, Noémie, Faustine et Camille, ainsi qu’aux nombreux enfants et jeunes qui se préparent au baptême cette année, dans la paroisse ou au Rosaire…
Nous les entourons particulièrement de notre prière aujourd’hui, dans ce chemin bouleversé mais fécond vers les sacrements. Que le Seigneur les fortifie et creuse leur désir aux dimensions du don qu’il veut leur faire!
Nous les accompagnons en ravivant la grâce de notre propre baptême : que chacun se souvienne du don qu’il a reçu, de la source d’amour dont il est né !
Je vous partage pour cela ces mots inscrits en 432 par le pape Sixte III dans le baptistère du Latran à Rome (le plus ancien baptisère d’Occident) :
« Un peuple destiné au ciel, d’une semence sacrée naît ici: des eaux qu’il a fécondées, l’Esprit le met au monde.
Plonge-toi, pécheur qui veux être pur, dans les flots sacrés:
Celui qui dans les flots entre vieux est rendu à une vie nouvelle.
Aucune différence ne partage les nouveau-nés qu’unissent une seule source, un seul Esprit, une seule et même Foi.
Ici jaillit la fontaine de vie qui peut laver la terre entière, elle qui dans la plaie du Christ prend sa source.
Notre Mère Eglise fait naître de manière virginale, à travers l’eau, les enfants qu’elle conçoit par le souffle de Dieu.
Espère le royaume des cieux, toi qui, dans cette source, es né une nouvelle fois ! »
des Juifs, Jésus vint, et il était là au milieu d’eux. Il leur dit : « La paix soit avec vous ! » Jn 20, 19-21Nous aussi à cause du confinement, nous sommes enfermés dans nos maisons et parfois on peut avoir l’impression que tout s’écroule, que l’on perd pied, tout se brouille, la peur s’installe. On ne comprend rien et on se demande peut-être où est Dieu.Mais Jésus est là au milieu de nous et il nous dit « La paix soit avec vous ! »Je vous partage lesmots de ce poète :
Cette nuit, j’ai eu un songe : je cheminais sur la plage accompagné du Seigneur.
Des traces sur le sable rappelaient le parcours de ma vie : les pas du Signeur et les miens.
Ainsi nous avancions tous deux jusqu’à la fin du voyage.
Parfois une empreinte unique était marquée, c’était la trace des jours les plus difficiles, des jours de plus grande
angoisse, de plus grande peur, de plus grande douleur…
J’ai appelé : « Seigneur, tu as dit que tu étais avec moi tous les jours de ma vie, j’ai accepté de vivre avec toi.
Pourquoi m’avoir laissé seul aux pires moments ? »
Il m’a répondu : « Mon fils, je te l’ai dit :
J’ai promis de ne pas te quitter.
Quand tu ne vois qu’une trace sur le sable c’est que, ce jour-là, c’est moi qui t’ai porté. »(Sur le sable, les traces de ma vie, Adémas de Borros, poète brésilien)Prions avec ce chant à l’Esprit Saint :
Aujourd’hui, je vous propose un petit retour en arrière sur le texte d’évangile d’hier.
La rencontre de Jésus et de Thomas est un passage qui résonne avec les nuits de la foi.Je vous partage donc des extraits d’un très beau texte de Marion Muller-Colard, théologienne protestante, essayiste et romancière. »Nous pouvons nous poser cette question : que serait notre foi sans le doute ? (…) Il ne s’agit pas de ne pas douter mais de croire avec le doute. (…) Le doute n’est pas le contraire de la foi, il en est le ferment. (…)
Thomas pose des conditions (…) Jésus optempère. Tu veux toucher pour croire ? Plonge ta main dans mes plaies et crois donc, propose le Ressuscité dans une séance de rattrapage qui n’a pour destinataire que Thomas. (…) À cette proposition tout se suspend et l’on entend soudain la plus magistrale des confessions se dire à bout de souffle : « Mon Seigneur et mon Dieu. » Confession de foi unique dans l’Evangile : Jésus reconnu comme Dieu. (…)
Il n’est pas dit que Thomas a touché, il n’est pas dit qu’il ne l’a pas fait. Il me plaît à croire qu’il n’en a pas eu besoin et que dans la Parole vibrante du Ressuscité dont le grain de voix faisait tressaillir Thomas jusque dans ses propres entrailles, il a reconnu sa chance d’être le premier de nous tous à croire avec le doute. A croire sur Parole. À ne pas laisser la preuve saturer l’espace où la foi peut grandir. »
Bonne semaine !
Et bon courage à tous nos enfants qui ont repris le chemin de l’école… À distance ! 😉