Après une soirée de témoignages de l’équipe d’accompagnement des familles en deuil

20 octobre 2012

Il y a deux jours se tenait au centre St Gilles une soirée intitulée : « Accompagner le deuil, mieux aimer la vie et s’ouvrir à la Vie »…

Plus d’une vingtaine de participants sont  venus entendre les membres de notre équipe qui font tout au long de l’année un travail admirable, qui  a trait tout à la fois à l’accompagnement du deuil mais aussi au témoignage de l’espérance chrétienne, au coeur de notre fois. Notre foi, justement, que dit-elle ? Qu’entend-on par « vie » et par « mort » ?

En feuilletant la Bible, nous constatons que nous avons, dans l’Écriture, des acceptions très différentes. Il n’existe pas de pensée unilatérale. Les visions selon les points de vue sont différentes : un médecin répondra différemment à cette question de la mort que la famille endeuillée ou encore que le professeur de théologie ou que quelqu’un qui a étudié la ritualité.

En ce qui concerne l’attitude de Jésus face à la mort, il faut reprendre la considération de l’Écriture dans son intégralité et dans les spécificités des différents livres du Nouveau Testament. Il n’y a pas de conception unique dans la Bible mais bien plutôt un consensus général : la mort est soumise à Dieu. Il n’y a pas de doctrine ni enseignement sur l’après-mort mais bien plutôt différents concepts.

L’Écriture traduit des expériences que l’homme fait à partir de ce qu’il vit. La Bible est polysémique, polyphonique. C’est donc une harmonique de différentes compréhensions. Il y a des différences entre Nouveau et Ancien Testament. Nous devons dire cela même si nous n’aimons pas opérer de coupure mais préférons plutôt considérer la Bible dans son ensemble. Il nous faut voir brièvement la compréhension ou les compréhensions de la mort dans l’Ancien Testament puis comment s’opère le passage entre les deux Testaments. Comment analyser la mort de Jésus ? Comment Jésus était-il face à sa mort ?

Nous sommes devant un double concept du terme « vie » ; il y a une double compréhension de la « vie » et de la « mort ». D’une part, la vie est perçue comme une réalité physique et biologique. D’autre part, la vraie vie est le « vivre avec Dieu ». C’est toute la vie spirituelle qui est en jeu derrière cela. À quels « moments » commence ou s’arrête la vie ? Où est la mort ? La mort peut-être « spirituelle ». La réponse sera alors radicalement différente. On peut vivre sans vivre véritablement et être mort sans mourir véritablement ! L’humain est devants ses détresses, ses menaces et la mort est une déchirure pour lui. Il n’y a pas de neutralité face à la mort.

Mais il faut poser que la mort n’est pas une puissance en soi. Certaines religions voient la mort comme une divinité. Ce n’est pas du tout l’optique du judaïsme et du christianisme. Pour un judéo-chrétien, la mort est soumise au pouvoir de Dieu. Le judaïsme a imité certains rites d’autres peuples. Mais, chez les hébreux, demeure une pauvreté de réflexion en ce qui concerne une spéculation sur la mort. Cette pauvreté est à interpréter comme le signe d’une soumission à Dieu. La mort n’est pas alors le sujet le plus important. La véritable mort est la mort double, la mort physique et la mort sans Dieu. La mort est ainsi vue comme le « salaire du péché » dans le sens d’une rupture de relation avec Dieu. Mourir, c’est vivre sans Dieu, et il y a une double mort : d’abord la mort physique, puis la mort éternelle après le jugement dernier.

Pour un chrétien d’aujourd’hui, et pour nous en particulier, la mort est entrevue du côté de Pâques, de la Vie ayant traversé, assumé la mort pour la dépasser. Bien vivre, du moins l’essayer, vivre en Dieu, c’est déjà vivre de l’Amour éternel. En effet, la résurrection de Jésus est un basculement car la véritable mort (la mort sans Dieu), le croyant la voit derrière lui ! C’est un thème cher à St Paul : « nous avons été ensevelis avec lui par le baptême dans la mort afin que, comme le Christ est ressuscité des morts par la gloire du Père, nous vivions, nous aussi, dans une vie nouvelle » (Romains 6,4). La mort physique n’est plus un obstacle à la vie : « car pour moi Christ est ma vie et la mort m’est un gain » (Philippiens 1,21). À partir de la résurrection du Christ, l’espérance chrétienne fleurit en une espérance en la résurrection des croyants.

Père Émeric DUPONT

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