IL Y A 50 ANS (DÉJÀ), LE CONCILE VATICAN II…

6 avril 2013
Lorsque, de par la volonté du pape Jean XXIII, s'ouvrit le Concile Vatican II,
l'état d'esprit général au sein de l'église catholique pourrait se caractériser
par une grande attente. Le monde, en quelques décennies, avait davantage changé
qu'en plusieurs siècles. La marche de l'histoire s'accélérait, l'évolution des
techniques de communication rendait désormais très concrète l'idée même de catholicité,
d'universel. Pour la première fois, des instruments permettaient de photographier
la Terre vue d'en haut. L'homme, à peine remis du plus grand conflit mondial et des
horreurs qu'il généra, prenait à la fois conscience de sa puissance nouvelle et du
caractère prométhéen de sa maîtrise de la matière, de l'atome, de l'espace... Dans les
sociétés occidentales, l'après-guerre marquait à la fois une méfiance à l'égard des
institutions étatiques, qui avaient précipité les nations les unes contre les autres,
et en général envers les idéologies. Les femmes accédaient au droit de vote, et plus
massivement au travail salarié. La « culture jeune » émergeait au sein de la génération
du « baby boom ». Les pays de l'hémisphère sud, jadis colonisés, accédaient à l'indépendance.
La prospérité et la croissance, du moins en occident, semblaient promettre une progression
illimitée de l'accès au bien-être matériel et à la consommation de masse. L'héritage des
lumières, puis celui du positivisme, puis celui d'idéologies athées, avaient changé le
rapport à la foi de pans entiers des sociétés industrialisées des « pays riches ». D'un
monde de chrétienté, l'occident avait basculé, déjà, dans une pluralité où la menace du
 relativisme risquait de banaliser la pratique religieuse en la privatisant à l'excès.
Au siècle précédent, bien des occasions de dialogue avaient été manquées entre l'Église
et les pensées critiques de la philosophie et des sciences humaines.
Le dernier Concile de l'Église catholique remontait à 1871, c'est-à-dire à une éternité,
à un autre monde !  Et s'il était possible de résumer la dynamique d'un tel Concile, si
riche, on pourrait le faire sous la forme de trois « S » :
Vatican II fut l'occasion d'un « retour aux Sources » de la foi. L'Église, ayant dépassé
les combats pour sa survie entre les invasions barbares, le moyen-âge et les tentatives
de domination des empereurs et rois, les grands schismes et les scissions... pouvait
s'interroger d'une manière plus apaisée sur le mystère de son existence. Elle se redécouvre
comme « communion fraternelle » avant d'être hiérarchique.
« Qui est Sauvé ? » est une question qui amènera les pères conciliaires à regarder à nouveau
l'homme, les autres religions, la culture... Et à porter sur eux un regard d'espérance.
Les « Signes » sont une attention renouvelée au monde et au dialogue critique mais
bienveillant, engagé avec lui.
C'est donc dans ces quelques courtes années, de 1963 à 1965, que les grands textes du
Concile seront élaborés, repensées, approfondis et finalement votés (toujours à des majorités
écrasantes, parfois proches de l'unanimité). Ils auront changé durablement son visage. Les
années et les décennies qui suivront verront se développer la « réception » du Concile. Entre
un « minimum à ne pas dépasser » ou un « commencement qu'il faut approfondir », de multiples
approches des textes vont voir le jour. Chacun pouvant être tenté, dans une lecture insuffisamment
enracinée dans la Tradition, de se forger « son » Concile, son opinion, parfois loin des textes
eux-mêmes, de ce qu'il a voulu faire et dire. Difficile de comprendre un texte aussi riche
en-dehors de ses sources et de son contexte d'écriture. Mais c'est sans doute là le signe de
la réussite d'un Concile : s'il pousse à approfondir notre connaissance de la Parole de Dieu, de
la Tradition vivante (liturgique, théologique, pastorale) pour en vivre et en témoigner, il n'a
probablement pas perdu son temps... ni le nôtre !

Père Émeric DUPONT

 

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