Jésus est-il « victime » des hommes ?

10 février 2013

Jésus est peut-être tout sauf une victime… Il y a un cantique irlandais du 13e siècle qui fait chanter le Christ crucifié ainsi :

« Je suis le Seigneur de la Danse…
je dansais le vendredi quand le ciel devint ténèbres :
il est difficile de danser avec le démon sur le dos !
Ils ont enseveli mon corps et ont cru que c’était fini
mais je suis le seigneur de la Danse et je mène toujours le ballet.
Ils ont voulu me supprimer mais je rebondis plus haut encore
car je suis la vie, la vie qui ne saurait mourir ».

Car Jésus regarde la mort en face ! En Luc 9, 51-53, il est dit que Jésus marche vers Jérusalem, Jérusalem comme lieu de la mise à mort. Jérusalem est la ville qu’à la fois on fuit et évangélise. Pierre ne comprendra rien. La mort de Jésus n’est pas une mort-couperet, ce n’est pas non plus une mort suicidaire. Il nous révèle au contraire que la mort est le meilleur témoignage de fidélité qu’on puisse donner en gage à un autre.

De la scène de Getsémani, Jésus en sort pour ainsi dire déjà ressuscité. Il entre dans le pari de la confiance. Jésus est capable de relever les autres : « assez dormi, on y va ». La prière de Jésus en Jean 17 inclut les autres dans sa vie. Il ne s’agit pas d’un dialogue fermé sur sa propre personne. L’affrontement de la mort n’est pas quelque chose d’héroïque. Il ne dit pas : « ce n’est pas grave ». Jésus n’est pas un crâneur. Cependant, dans tout ce silence, il reste d’abord un croyant.

Il y aurait de quoi s’effondrer spirituellement si on disait que Jésus est athée à Getsémani ! Il est dans les mains de Dieu. Il va mourir en lui. La mort est assumée. Il y a une assomption de la mort. Il ne faut pas « positiver » la mort. Sa mort n’est pas à rater : une vie entière sert à s’y préparer comme il faut. La mort n’est pas facile ; elle n’est pas à souhaiter.

Mais la mort assumée se fait à partir d’une expérience toute humaine. Tel est le paradoxe de la bonne nouvelle de la mort. Jésus, comme nous, ne peut assumer sa mort parce qu’un autre l’assume pour lui. Il demande à un autre d’assumer sa mort. Le « pourquoi m’as-tu abandonné ? » du psaume 22 est-il le degré zéro ou le degré cent pour cent de la foi ? Cela dépend du point de vue. Mais n’est-ce pas la même chose finalement, puisqu’on laisse Dieu œuvrer, et lui seul ?

 Émeric DUPONT

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