Le temps de la rencontre

5 décembre 2014

                          A la messe, après la prière de consécration, juste après que Jésus se soit rendu présent, avec son corps, son sang, son âme et sa divinité, dans un simple morceau de pain et un peu de vin, déposés sur l’autel, toute l’assemblée proclame : « Gloire à toi qui étais mort, gloire à toi qui es vivant, notre Sauveur et notre Dieu, viens Seigneur Jésus. » Nous proclamons donc à la fois, que Jésus est bien mort et ressuscité à Jérusalem, il y a près de deux mille ans, mais aussi que, même s’il est monté au cieux à la droite du Père, Il est toujours vivant et présent parmi nous, tous les jours. Et nous proclamons enfin que nous attendons aussi son retour dans la gloire, à la fin des temps.

Nous ne vivons donc pas ce temps de l’Avent, en nous tournant uniquement vers le passé, mais en vivant profondément le moment présent, pour nous préparer à cette ultime rencontre que nous ferons un jour avec notre Sauveur. Et c’est Saint Jean Baptiste aujourd’hui qui vient nous aider à préparer cette rencontre. « Préparez le chemin du Seigneur, nous dit-il, aplanissez sa route ». Nous pouvons tous nous retrouver dans le message de Jean Baptiste, car ce qu’il vit, ressemble bien à ce que nous vivons aujourd’hui. Tout d’abord, Jean Baptiste est dans le désert. Le désert, c’est le lieu de l’exode, de la libération de l’Egypte, c’est le lieu du passage de la servitude, de l’esclavage, à la liberté, à la Terre promise. Notre désert à nous, c’est ce chemin que nous parcourons au fond de notre cœur à chaque fois que nous voulons nous rapprocher du Seigneur, et que nous cherchons à quitter nos mauvaises habitudes, notre péché, nos esclavages, Ensuite, nous voyons que Jean-Baptiste baptise dans le fleuve du Jourdain. Le Jourdain, c’est un petit fleuve qui finit sa course dans la mer morte. Il symbolise ici la lutte contre la mort. Le véritable Jourdain, c’est le fleuve d’Eau vive qui coule du cœur transpercé de Jésus sur la Croix, victorieux de tout mal, victorieux de la mort. « Tout homme qui croit en moi ne mourra jamais » dit Jésus (Jn 11, 26). Notre Jourdain à nous, c’est cette Vie de l’Esprit-Saint que Jésus nous donne dans les sacrements, notamment au baptême et à la confirmation, mais aussi dans l’Eucharistie et le sacrement du pardon. C’est cet Esprit de Vie qui nous conduit à la Vraie Vie, la Vie éternelle, et qui nous fait refuser tous les chemins de mort.

Ensuite, nous voyons que Jean Baptiste est vêtu comme un ascète. Pour nourriture, il se contente de manger des sauterelles ; ce qui rappelle les moments douloureux du temps de la fin de l’esclavage en Egypte, (Ex 10, 1-20). Mais il mange aussi du miel ; ce qui rappelle le souvenir heureux de l’arrivée en Terre promise (Ex 3, 8). Notre nourriture spirituelle aussi est faite de sauterelles quand nous vivons des moments de combat spirituel, quand nous traversons des épreuves, des difficultés, et que nous les vivons en communion avec Jésus. Et notre nourriture est faite aussi de miel, quand nous goûtons des consolations spirituelles, des encouragements au fond de notre cœur, des signes de Sa présence à nos côtés.

 Alors suivons l’exemple de Saint Jean Baptiste, qui nous invite à nous convertir. Le sens premier du mot « conversion » vient du latin « convertere » qui veut dire « se tourner vers ». Saint Jean Baptiste nous invite donc à nous « tourner vers » Jésus, à nous « retourner » vers Lui, constamment, obstinément, comme le tournesol se tourne vers le soleil pour en recevoir sa beauté et sa vie, comme l’enfant se tourne spontanément vers ses parents pour y trouver sa sécurité, sa paix, sa joie, parfois son pardon, et toujours son amour.

 Préparons donc le chemin qui conduit à notre coeur. Aplanissons nos réticences, nos paresses, nos mauvaises habitudes. Et ouvrons tout grand notre coeur à Celui qui vient à notre rencontre.

 

P. Emeric

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