Les lectures bibliques de ce dimanche

10 novembre 2012

Les lectures bibliques de ce dimanche viennent orienter notre vie dans un sens magnifique. Elles nous rappellent la loi d’amour qui doit imprégner la vie de tout homme. C’est le premier de tous les commandements. Nous le trouvons d’abord dans le livre du Deutéronome (1ère lecture) : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force ». Il ne dit pas seulement qu’il faut tenir ces trois amours ensemble, il affirme qu’il s’agit d’une seule et même réalité, il les met sur un pied d’égalité.

L’Évangile nous invite à faire un pas de plus : il nous présente un scribe qui pose à Jésus cette question : quel est le premier de tous les commandements ? Cette demande est très importante. Il s’agit de bien repérer le commandement que nous devons suivre avec la plus grande attention, la plus grande générosité et la plus grande fidélité. C’est aussi une question difficile. Dans la Bible, on trouve 613 préceptes. Ils ont été résumés en 10 commandements. Mais celui que Jésus met en avant n’est pas dans la liste des dix. Ces derniers sont principalement des interdictions ; ils posent des limites : « Tu n’auras pas d’autre Dieu que moi… Tu ne commettras pas de meurtre… Tu ne porteras pas de faux témoignage… » ces interdictions sont importantes. En les transgressant, on se met en dehors de l’amour de Dieu.

Mais des commandements négatifs ne peuvent suffire à orienter notre vie de façon positive. Quand on éduque un enfant, on ne lui montre pas seulement ce qui est interdit. On s’efforce de lui montrer un idéal de vie. Pour notre vie chrétienne, c’est la même chose. Il nous est demandé de ne pas tuer, de ne pas voler, de ne pas porter de faux témoignage. Mais tout cela ne peut suffire à constituer un idéal de vie. C’est pour cette raison que Jésus nous ramène vers l’essentiel : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force. Et voici le second : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Il n’y a pas de commandement plus grands que ceux-là. »

 Tenir ensemble ces trois amours n’est pas si simple, c’est de cet équilibre que dépend la solidité et la fécondité de notre vie chrétienne.

  •  Moi sans Dieu et les autres : l’amour de soi qui exclut le reste de l’univers tourne à vide et tourne en rond, c’est une forme d’égocentrisme bien connu et abondamment pratiqué.
  •  Dieu sans les autres nous fait tomber dans un mysticisme abstrait. Nous n’avons que trop vu dans l’histoire ce qu’un prétendu amour de Dieu sans passer par le prochain pouvait occasionner. On peut tuer, mutiler, persécuter au nom de Dieu, soi-disant pour le bien des autres.
  •  Les autres sans Dieu nous tire du côté d’une forme d’humanisme sans colonne vertébrale. Après tout pourquoi faudrait-il aimer les autres ? Ne sont-ils pas parfois des concurrents, voire des menaces ? Parfois beaucoup d’entre nous culpabilisent de ne pas pouvoir aimer ou pardonner telle ou telle personne qui leur aurait fait du tort. Aimer l’autre sans Dieu peut s’avérer aussi difficile que mortifère. Y échouer peut nous enfermer dans une culpabilisation qui est celle que rencontrent toutes celles et tous ceux qui vivent leur religion comme une morale à appliquer. Tu y arrives, tu es bon, tu échoues, tu es mauvais.
  • Ø Les autres et Dieu sans moi ressemble à une forme d’activisme et de sacrifice qui ont fait beaucoup de mal et continuent à en faire. Je dois aimer-Dieu-et-les-autres de tout mon coeur, mais sans me soucier de ce que je suis. Je dois me sacrifier et tout donner sans rien garder pour moi. Au fond, cette forme d’amour est une fuite en avant, qui cache souvent une haine de soi déguisée. Se sacrifier sur l’autel du don  total de soi n’est visiblement pas la voie que Jésus nous propose.

« Dieu, les autres et moi » parce que ces trois dimensions articulent les trois dimensions de l’être humain : l’intérieur, l’horizontal et le vertical.

En ce dimanche, la Parole de Dieu nous interpelle. Elle nous invite à changer notre regard sur Dieu et le prochain. Le Christ veut nous entraîner tous à sa suite. Il veut nous apprendre à voir tous nos frères et sœurs avec le cœur même de Dieu. Célébrer l’Eucharistie c’est communier à l’amour du Christ pour le Père et pour chaque être humain. C’est se mettre en disposition d’aimer. En ce jour, nous te prions Seigneur : Envoie ton Esprit qui renouvelle la face de la terre. Amen

Père Émeric DUPONT

Les commentaires sont fermés.