L’incroyable itinéraire de Simon-Pierre

28 juin 2014

Dans les Évangiles, Simon-Pierre a de la ferveur, mais il manque d’équilibre. Il est, par exemple, prompt à sortir de la barque à la rencontre du Seigneur, mais prompt aussi «voyant que le vent était fort», à douter (Matt. 14:28-31). Tandis que dans les Actes, il agit avec hardiesse mais fermeté aussi. Il est le premier à parler, le jour de la Pentecôte, et se montre plein de courage devant la foule de ceux qui ont mis à mort le Seigneur (Act. 2:22-23) et devant leurs chefs (Act. 4:13).

Appelé par le Seigneur alors qu’il lavait ses filets (Luc 5:10-11), Pierre a réalisé qui il est, et devenu un disciple, à cette question : «Et vous, qui dites-vous que je suis» ? il répond : «Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant». Jésus lui dit : «Tu es bienheureux, Simon Barjonas, car la chair et le sang ne t’ont pas révélé cela, mais mon Père qui est dans les cieux. Tu es Pierre ; et sur ce roc je bâtirai mon Assemblée… Et je te donnerai les clefs du royaume des cieux» (Matt. 16:18-19).

Pourtant, peu après, quand le Seigneur annonce à ses disciples qu’il va être mis à mort, Pierre le prenant à part, se met à le reprendre, disant : «Seigneur, Dieu t’en préserve, cela ne t’arrivera point» ! Il est devenu, à son insu, un instrument dans la main de l’Ennemi. Le Seigneur lui dit : «Va, arrière de moi, Satan, tu m’es en scandale, car tes pensées ne sont pas aux choses de Dieu, mais à celles des hommes» (Matt. 16:21-23).

Dans ce livre des Actes, au contraire, Pierre reçoit le Saint Esprit, et par son moyen un don de discernement (1 Cor. 10:12) ce qui lui permet de démasquer Ananias et Sapphira (Act. 5:3-10) et Simon le magicien (Act. 8:18-21). Il prononce des «paroles enseignées de l’Esprit» (1 Cor. 2:13) et applique, avec à propos, des versets tirés des Psaumes et des Prophètes, au cas de Judas. Il en rappelle ensuite d’autres qui annoncent que Dieu répandra son Esprit sur toute chair dans les derniers jours, et en cite aussi plusieurs qui ont trait à la résurrection du Seigneur (Act. 1:20 ; 2:16, 25, 34).

Dans les Évangiles, Pierre parle parfois sans réfléchir. Par exemple, sur la montagne de la Transfiguration, il propose à Jésus : «Faisons trois tentes, une pour toi, et une pour Moïse, et une pour Élie, ne sachant ce qu’il disait» (Luc 9:33-34).

Dans une autre circonstance, averti pourtant par le Seigneur : «Ce que je fais maintenant, tu ne le sais pas maintenant, mais tu le sauras dans la suite. «Pierre s’oppose au service d’amour du Seigneur, sans doute par déférence pour Lui : Tu ne me laveras jamais les pieds». Alors Jésus lui dit : «Si je ne te lave, tu n’as pas de part avec moi», et Pierre, toujours aussi imprévisible, répond : «Non pas mes pieds seulement, mais aussi mes mains et ma tête» (Jean 13:7-9).

 

Dans les Actes, ses paroles sont pleines de sagesse, ses prédications d’une conviction et d’un à propos remarquables. Prenez comme exemple sa réponse aux chefs du peuple. En termes concis, très clairs, il parle de la «bonne œuvre» qu’ils viennent de faire, et met en évidence l’incrédulité de ses interlocuteurs. Il s’appuie sur l’Écriture et donne l’essentiel du message de l’Évangile, en termes inoubliables (Act. 4:8-12). Ses interventions ont un caractère vraiment biblique, et montrent la force de conviction dont cet apôtre est désormais animé.

Avant la crucifixion, une servante a suffit pour faire trembler Pierre, et l’amener à nier toute relation avec son Maître ! (Matt. 26:70). Mais dans les Actes, il le confesse désormais, malgré les pires menaces, avec un courage indomptable. Il déclare : «Jugez devant Dieu s’il est juste de vous écouter plutôt que Dieu. Car, pour nous, nous ne pouvons pas ne pas parler des choses que nous avons vues et entendues». Plus loin, il affirme : «Il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes» (Act. 4:19-20 ; 5:29).

Il se montre présomptueux quand il affirme au Seigneur, peu avant de le renier : «si tous sont scandalisés en toi, moi, je ne serai jamais scandalisé en toi. Quand même il me faudrait mourir pour toi, je ne te renierai pas» (Matt. 26:33, 35).

Dans les Actes, après une expérience très amère, Pierre a appris à se connaître un peu. Il est plus mesuré dans ses paroles, et il accepte sans faiblir d’être jeté en prison, à plusieurs reprises. La seconde fois, aussitôt libéré, il retourne avec ses compagnons de captivité, dans ce temple où il a été pourtant arrêté ! Battus, les apôtres «se réjouissent d’avoir été estimés dignes de souffrir des opprobres pour le Nom» (Act. 5:17-21 ; 41).

Enfin, on peut citer dans les Actes un exemple de cette puissance dont Pierre est désormais revêtu. Sous la direction du Saint Esprit, par son témoignage, il est à l’origine de la conversion d’environ trois mille âmes (Act. 2:41).

D’où vient donc ce grand changement dans son comportement ? Pierre, dans les Évangiles, avec ses qualités naturelles, est très confiant en lui-même et sa chair non bridée offre une prise facile à l’Ennemi. Dans les Actes, il est rempli du Saint Esprit (Act. 2:4 ; 4:8). Christ habite en lui par la foi. Il peut dire désormais, comme Paul : «Pour moi, vivre c’est Christ» (Phil. 1:21).

Père Émeric DUPONT

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