Parents, grands-parents, voisins, amis … cet été : faites découvrir l’Ancien Testament aux plus petits !

23 juin 2012

Lorsque nous abordons la Bible avec les petits, le premier réflexe est d’écarter la plus grosse partie du Livre Sacré, celle qui concerne la Première Alliance. Trop violent, trop loin de nous, une figure de Dieu trop « cruelle »… les raisons sont multiples !

Et pourtant !! Peu d’entre nous savent que, dans les toutes premières décennies de la fondation de l’Église, un terrible débat avait agité les communautés : faut-il ou non « supprimer » l’Ancien Testament de notre Bible chrétienne ? Après tout, n’y a-t-il pas « tout ce qu’il faut » dans les Évangiles et les lettres de Paul ou des Apôtres ? La conclusion de l’immense majorité des Églises de l’époque, qui nous engage encore aujourd’hui, fut de répondre : « oui, les Écritures Saintes d’Israël sont les nôtres, nous devons les garder. C’est même vital ». Pourquoi ?

D’abord parce que c’est l’histoire d’un peuple à qui Dieu a parlé, mais nous savons tous que lorsque l’on aime, parler ne suffit pas. Il faut se toucher, se regarder, marcher ensemble, affronter les peines et partager les joies, grandir en amitié. Et ce que nous y lisons, en particulier sur Dieu, surtout lorsque le Créateur semble y être décrit comme la source du mal, c’est un tâtonnement de l’homme qui cherche à comprendre où est Dieu. Les psaumes en sont remplis, lorsqu’ils demandent à Dieu de détruire les ennemis, par exemple. Dieu n’est pas encore connu comme suprêmement tendre et juste. Il se révèle progressivement.

Nos grands frères dans la foi, les Pères de l’Église, ont remarqué qu’on pouvait lire la Bible, en particulier l’Ancien Testament, d’au moins quatre manières différentes, entre le niveau de compréhension immédiat, le niveau moral, les symboles qui annoncent déjà Jésus (les récits de résurrection, de multiplication de la nourriture, les traversées du désert etc.), et le niveau spirituel (par exemple toutes les guerres peuvent être vues comme une image du combat intérieur de chacun contre les tentations et les forces du mal qui veulent détruire l’homme). Quelle richesse !!

Enfin, et ce n’est pas le moindre des arguments, l’Ancien Testament, ce sont des histoires singulières, une immense galerie de personnages qui nous ressemblent, et qui ont cherché Dieu. Il suffit de lire le magnifique ouvrage de Paul Beauchamp « Cinquante portraits bibliques », pour être convaincu que la Bible, c’est un entrelacs d’histoires qui ont tant à nous dire sur l’homme : ce que c’est que l’envie qui détruit, le mensonge qui enferme, la joie qui fait revivre, le combat qui apprend tellement sur soi… toutes ces figures sont autant d’images génériques en quelque sorte, de l’expérience humaine, avec ou sans Dieu. Et Dieu n’est jamais loin, dans le visage du « Bien-Aimé » du Cantique des Cantiques, il dit que l’Amour véritable n’est jamais atteint, il faut le chercher. Dans la misère de Job il raconte un Dieu qui ne supprime pas l’épreuve mais qui soutient celui qui la traverse. Dans les guerres d’Israël, sa présence discrète murmure qu’il ne faut jamais cesser de croire en sa promesse : quel que soit le temps que ça prendra, elle deviendra concrète et bien réelle, même si la violence se dresse parfois sur la route. Ces grandes figures d’appelés, de déçus, de traîtres, de courageux… dont la Bible est remplie, c’est nous ! Nos sommes successivement l’un et l’autre, selon les moments de la vie. Et Dieu est toujours là, au long de cet itinéraire immémorial et hors du commun.

Si nous croyons en un Dieu concret, pas une vague force lointaine et distante, alors c’est un Dieu qui s’intéresse à l’homme, qui lui parle, qui marche avec lui. En Jésus, il s’est révélé pleinement en prenant sur lui notre humanité défaillante. Mais cela n’aurait pas été possible sans le long itinéraire qui a précédé, rempli de « clins Dieu » et d’annonces de ce qui allait venir. Cette longue préparation du coeur d’Israël pour accueillir le Messie a sa valeur en elle-même. Elle est foisonnante et symphonique : la dissonance et la noirceur succède aux envolées lyriques et amoureuses, mais c’est l’histoire de l’homme avec Dieu avant que Dieu ne se fasse homme !!

Nous ne pouvons pas l’écarter sous prétexte que sa langue est âpre parfois. Après l’avoir travaillée, elle dégage toute sa saveur, elle devient délicieuse.

Essayez, vous en reviendrez différent(e)s !

Père Émeric DUPONT, curé

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