Pour entrer d’avantage dans le Psaume de ce Dimanche

24 février 2014

       Bénis le Seigneur, ô mon âme,
bénis son nom très saint, tout mon être !
Bénis le Seigneur, ô mon âme,
n’oublie aucun de ses bienfaits !

Car il pardonne toutes tes offenses
et te guérit de toute maladie ;
il réclame ta vie à la tombe
et te couronne d’amour et de tendresse.

Le Seigneur est tendresse et pitié,
lent à la colère et plein d’amour ;
il n’agit pas envers nous selon nos fautes,
ne nous rend pas selon nos offenses.

Aussi loin qu’est l’orient de l’occident,
il met loin de nous nos péchés ;
comme la tendresse du père pour ses fils,
la tendresse du Seigneur pour qui le craint !

(Psaume 102/103, versets 1-2, 3-4; 8.10, 12-13)

 

Le psaume 102 que nous proclamons dans la liturgie de ce Dimanche n’est qu’un extrait du psaume entier, beaucoup plus long, dont on peut dire en quelques mots la structure et le sens. Je vous invite d’ailleurs à aller le voir dans son entier, dans une bible. Pourquoi pas ?

Il constitue un hymne qui s’ouvre selon les règles, par un invitatoire (v. 1-2) ; mais ici l’invitatoire est repris en inclusion à la fin (v. 20-22), avec une tout autre amplitude, puisqu’au début le psalmiste s’exhortait lui-même à bénir tandis qu’à la fin, il incite à la louange toutes les œuvres du Seigneur. Le psaume commence au singulier (je, tu, v. 1-5), se poursuit au pluriel (nous, v. 10-14) et tend à l’universel (l’homme et tout le cosmos, v. 15-22a) pour revenir, en conclusion, au singulier (v. 22b).

Tout le psaume va donc être construit pour justifier cet impératif de bénédiction, en deux parties qui tournent autour des mêmes thèmes : amour et tendresse (v. 4 et v. 11-13), connaissance (v. 7 et v. 14), et de nouveau amour (v. 8 et 17). Dans les deux parties sont donc affirmés l’amour de Dieu et la connaissance qu’il a de la fragilité de l’homme (v. 14), qui l’a conduit à se révéler à lui (v. 7). Mais la 1e partie (v. 3-10) est globalement plutôt centrée sur l’œuvre de Dieu (par exemple v. 6.10), et la 2e (v. 11‑19) sur la réponse que les créatures doivent lui apporter (par exemple v. 18.21).

De façon plus fine, on remarque que les deux parties sont disposées selon la même structure concentrique mettant en valeur le verset central : pour la 1e partie, offenses et rétribution (v. 3 et v. 9-10, amour et tendresse (v. 4-5 et v. 8), avec au centre l’oeuvre de révélation divine (v. 6-7) ; pour la 2e, cieux (v. 11 et v. 19), amour et crainte de Dieu (v. 11-13 et v. 17-18), avec au centre le constat de la faiblesse de l’homme que connaît Dieu (v. 14-16).

Le psaume comporte 22 versets, soit autant que de lettres dans l’alphabet hébraïque, et paraît proche en plusieurs points des écrits de sagesse (v. 15-16, par exemple). On peut noter la richesse des verbes qualifiant l’oeuvre de Dieu : pardonner, guérir, racheter, couronner rassasier… qui aboutit à la définition : «Le Seigneur est tendresse et pitié» (le nom révélé à Moïse en Exode 34,6) ; ainsi que la déme­sure entre l’infini de la puissance et de l’amour de Dieu, s’étendant à tout le cosmos, et la petitesse et la fragilité de l’homme que cependant il aime «comme un père». Il fait ainsi parfaitement le lien entre les deux lectures et l’Évangile.

 Père Émeric DUPONT

Les commentaires sont fermés.