POUR VOUS QUI SUIS-JE ?

4 juillet 2013

1212accueiletrangerTout au long de l’année, cette question a été bien plus qu’un fond de décor pour chacune et chacun de nous. Et si nous disons « que d’incroyables moments partagés ensemble », ce n’est pas pour faire du nombrilisme ou s’auto-congratuler…

 

 

Pas de rencontre avec le Christ sans nous, au-dessus et au-delà de nous. L’incarnation du Fils de Dieu dit que c’est par l’homme que désormais on se rencontrera. Pour vous qui suis-je c’est d’abord cela, ce Christ aux mille visages, que dis-je aux millions et aux millions de visages. On ne le détient jamais. Nul ne peut dire « je l’ai, il est à moi ». Nul ne peut dire : certains en sont privés, et je sais qui, ce qui revient à l’attitude du pharisien.

En fait il y a trois lieux où Christ se dévoile, et ce sont des lieux de vie et de rencontres.

Jésus est celui qui nous invite à la table de la Parole

Jésus est celui qui nous invite à. la table de l’eucharistie

Jésus est celui qui nous invite à la table du service

Et que l’on en ait conscience ou non, c’est à ces trois tables qu’il nous a attendus tout au long de l’année. Ne désespérons surtout pas d’avoir manqué le rendez-vous, sa patience dépasse de très loin notre entendement.

DSCF1584Ainsi, Jésus est celui qui nous invite à la table de la Parole

Mais lorsqu’on fait l’expérience du Christ, c’est souvent parce qu’on a entendu parler de lui ou parce que son Evangile nous a touchés, ou parce que des témoins, tels que nous essayons de l’être, ont pu représenter d’une manière crédible ce que le Christ dit de l’homme et de sa vocation fondamentale sur la terre. Et nous avons essayé de l’être, non seulement les uns pour les autres, mais aussi, et plus difficile sans doute, à l’égard de tous ceux et celles que nous avons rencontré. La table de la Parole est faite de nos rencontres où la parole, au nom du Christ, a été plus libre et plus partagée que jamais. Je pense à la parole de ceux que l’on vient visiter chez eux ou en maison de retraite, ou à qui l’on offre, plusieurs dimanches par an, un petit lieu de convivialité et de retrouvailles. Je pense à la parole des enfants et des jeunes qui découvrent que Jésus est un compagnon de route, le plus fidèle sans doute de ceux qu’on n’aura jamais.

 

Lorsqu’on partage la parole avec des personnes qui sont considérés comme loin de l’église ou en recherche et questionnement, si on se place du côté témoin on pourrait se dire que nous accueillons un étranger, un inconnu. Nous ne voyons pas beaucoup ces personnes à la messe, dans la paroisse. MAIS, ces individus sont aimés de Dieu, animés par l’Esprit Saint même s’ils ne le savent pas. Et petit à petit au cours des rencontres nous sommes sur le même chemin et nous découvrons qu’en fait c’est Dieu qui nous cherche à travers les visages qui sont autour de la table, à travers les expériences de chacun.

DSCF1585Jésus est celui qui nous invite à la table de l’eucharistie

Et c’est une invitation faite de joies et de peines. Joies profondes de ceux qui découvrent combien cette richesse est immense. Peine de ceux qui, pour diverses raisons, vraies ou fausses, s’en sentent éloignés. Ce jour-là, en donnant le pain et le vin, il dit « prenez », c’est à dire, prenez tout, ne choisissez pas. Prenez ce que je vous offre, c’est à dire moi, tout entier. Ne vous fabriquez pas votre Jésus sur mesure, il est toujours plus grand que nos représentations. Et n’oublions jamais que c’est notre communauté, lorsqu’elle se rassemble, reçoit le Christ pour mieux le devenir, pour mieux devenir Lui, notre Seigneur et notre frère tout à la fois. Quelle place faisons-nous au sein de nos assemblées, aux personnes que nous n’avons jamais vues, à ceux qui n’ont pas la parole facile et qui, une fois la célébration terminée, s’en repartent tout tristes ? Quelle place faisons-nous à ceux qui apportent d’autres manières d’être, de l’originalité, ou d’autres langues et cultures ? Sont-ils perçus comme des corps étrangers, de vagues menaces ? Ou comme le Christ lui-même sous les traits de l’étranger, qui frappe à la porte et qui attend ? Serons-nous aussi lents à le reconnaître sous les traits de l’inconnu que l’ont été les pèlerins d’Emmaüs?

Parce que l’eucharistie construit jour après jour notre communauté qui n’est pas une famille de gens choisis et cooptés mais le peuple de Dieu en marche, sachons être attentifs à ne jamais nous replier sur nous-mêmes. Vos prêtres doivent en être le signe. Et s’ils sont imparfaits, comme c’est toujours le cas, s’ils ne répondent pas à tous les espoirs fous, conscients ou non, que l’on a placés en eux, ne les jugez pas trop durement. Ils sont comme vous de pauvres pécheurs. Priez pour vos prêtres, et puisque nous célébrons l’anniversaire du sacerdoce de Michel, aidez vos prêtres à éveiller en vous la dimension sacerdotale de votre baptême. Sans vous, leur magnifique mission tombe en ruines et devient dépourvue d’utilité.

Jésus est celui qui nous invite à la table du service

 

DSCF1586Parce que Parole et eucharistie nous y poussent, que c’est !e sens même de tout ce que nous vivons. Beaucoup de chrétiens s’engagent au service du frère. Beaucoup de chrétiens sont généreux et se donnent. Mais servir ne veut pas simplement dire « soyez généreux ». Répondre à la question « comment puis-je servir » revient à se demander : « qu’ai-je à offrir ? », c’est-à-dire discerner ce qu’il y a de meilleur en soi, et qui est un cadeau de créateur. Servir en donnant de soi, en faisant l’offrande de nos talents, même modestes en apparence, c’est vivre, c’est vivre vraiment. Devenons des vivants.

Et j’aimerai que l’an prochain, l’accueil de celui qu’on ne connaît pas et le service du frère deviennent encore davantage le cœur du cœur de notre vie de communauté. Depuis quelques années, nous accueillons les enfants du caté et. de nouveaux baptisés au cœur de nos liturgies. Cela en dérange quelques-uns. Je comprends que le bouleversement d’habitudes soit un obstacle pour certains, je ne les juge pas. Mais en ne regardant que cela, nous oublions une dimension essentielle : en accueillant, en servant, nous donnons la vie, nous faisons naître à la dignité des enfants de Dieu et nous-mêmes nous participons à cette nouvelle naissance. Celui qui aime, nous dit St Jean, est enfant de Dieu et connaît Dieu. Acceptons d’être jetés hors de nos certitudes par le Christ, il est la seule vérité plénière à laquelle nous pouvons nous raccrocher. Mais c’est une vérité qui bouge, qui chemine, qui se dévoile au fur et à mesure du chemin. Bienheureux ceux qui ont vraiment décidé à suivre le Christ, en paroles et en actes, ils n’auront comme lui aucun lieu rassurant où reposer la tête, ils auront pour reposer la tête son cœur, comme le fit le disciple bien armé. Mais de cette intimité naît une lumière que rien ne peut éteindre. Amen

Père Emeric Dupont

Voir les photos de la Fête paroissiale

 

Une réponse à POUR VOUS QUI SUIS-JE ?

  1. […] Voir l’homélie du Père Emeric Dupont […]