Un peu de réflexion

« Pour qu’ils soient un »

22 janvier 2012

Cette prière du Christ dans l’Évangile de Jean est adressée au Père : il demande que tous, toute l’humanité d’hier et d’aujourd’hui, nous soyons rassemblés en une unité parfaite, à l’image de sa propre unité filiale avec le Père.
De ce désir du Christ que ses disciples soient le ferment de cette unité, les Églises chrétiennes ont tiré la conclusion, à la fois juste et triste, que les divisions entre nous sont une blessure supplémentaire au corps du Christ qu’est Son Église. Les chrétiens divisés, ayant traversé parfois jusqu’aux guerres et aux atrocités mutuelles, finissent par devenir, à cause de ce qui les divise (dogmes, questions de gouvernance, questions sur les ministères ordonnés ou non, questions sur le statut de la Parole de Dieu et des sacrements…) une contradiction vivante. Appelant à l’unité, ils seraient incapables de s’entendre, à cause de différends historiques, sur la foi qui, pourtant, devrait les unir.

La semaine de l’unité des Chrétiens, qui s’achève ce dimanche, est souvent l’occasion de méditer sur ces fractures et de les porter dans la prière. Et rien n’interdit d’y contribuer soi-même, sans regarder à la modestie de nos initiatives. Mais parler de « semaine de l’unité », c’est, comme le concept d’une « journée de la femme », un moyen artificiel, donc contestable, de se souvenir un peu de ce qui, pourtant, devrait demeurer sans cesse dans nos esprits. Sur le dialogue entre nos églises, les dernières décennies ont vu plus d’avancées que les siècles passés : depuis le Concile Vatican II, où des chrétiens non-catholiques furent invités en observateurs, les églises orthodoxe et catholique ne s’excluent plus l’une-l’autre. Elles regardent le trésor des sept premiers conciles qui leur furent communs. Avec nos frères luthériens, les accords de 1999 sur la conception chrétienne de la foi (l’adhésion au Christ sauveur) et des œuvres (les actes bons) et leur place respective dans le salut… tout cela a permis de lever nombre de malentendus et de contentieux passés, plus de 400 ans durant. Avec nombre d’églises protestantes, des efforts continuent dans le sens de l’écoute sincère des schémas de l’autre et de l’affirmation des siens, sans chercher à faire plier l’interlocuteur, ce qui est la condition incontournable d’un dialogue vrai.

Des domaines entiers, pourtant, semblent ne jamais devoir permettre l’unité définitive. Il y a encore trop de choses qui nous séparent pour pouvoir espérer un retour rapide à l’unité achevée dans la grande famille des chrétiens. Lorsque nous baptisons pourtant, nous le faisons au nom du même Dieu Père, Fils et Esprit Saint. Nous croyons que l’entrée dans la vie du Christ change l’existence en profondeur. Sur la Parole de Dieu, les années soixante ont vu la floraison de textes traduits ensemble, par des groupes mixtes de chrétiens d’Églises séparées… jusqu’à la parution de la première traduction vraiment « œcuménique » (unitaire) de la Bible. Quelle joie, lorsque nous prions le Notre Père, malgré les imperfections de la traduction commune, de pouvoir le réciter ensemble ! A Villiers-Le-Bel, dans notre Val d’Oise, l’Alliance Biblique Universelle, grande association protestante à l’origine de l’édition de bien des Bibles en français abordable et concret, permet à présent à des chrétiens catholiques ou protestants de collaborer dans l’étude et la traduction des textes.

Mais le chemin qui nous reste à parcourir demeure impressionnant, presque décourageant. Pourtant Jésus ne cesse de répéter, au moment de sa dernière prière avant l’arrestation du Jeudi Saint: « Que soit parfaite votre unité, que soit parfaite votre joie ». Comme si, déjà, dans le maigre groupe des apôtres, des dissensions se pressentaient déjà. Car ce sont les hommes, et personne d’autre, qui portent sur leurs épaules les difficiles et délicates responsabilités de la décision, du discernement et de la charité en actes. Et si l’Esprit Saint, parfois, nous inspire, pour peu que nous lui laissions un tant soit peu de place (mais qui peut être sûr qu’il se soit suffisamment vidé de lui-même pour laisser place en lui à l’œuvre de Dieu?), mais il ne décide pas pour nous.

Sans minimiser nos différences, sans les fuir ou les nier, décidons d’avancer vers l’unité. Toujours et davantage. Cela seul nous rendra la plénitude de la joie promise. La recherche de l’unité ne peut se passer de la recherche progressive et humble de la vérité, qui ne peut être qu’Une. Et c’est du dialogue qu’elle surgira.

Père Émeric DUPONT, Curé

Bonté ou justice, en Dieu ?

15 janvier 2012

Si dans un premier temps, on pense opposer ces deux notions, une lecture plus attentive des textes bibliques nous montre aisément que la bonté de Dieu ne fait pas disparaître sa justice : « N’essaie pas de le corrompre par des présents, il les refuse, ne t’appuie pas sur un sacrifice injuste. Car le Seigneur est un juge qui ne fait pas acception des personnes. » (Si 35,11-12).
La tendresse immense de Dieu laisse en effet les hommes responsables de leurs actes : « Ne sois pas si assuré du pardon que tu entasses péché sur péché . Ne dis pas : “Sa miséricorde est grande, il me pardonnera la multitude de mes péchés !” car il y a chez lui pitié et colère et son courroux s’abat sur les pécheurs. » (Si 5,5-6). Des exégètes font aujourd’hui remarquer que certains discours sur la bonté de Dieu, nés du désir d’un « Dieu-soft », dédouané de toute violence, font immanquablement penser à ce que l’on dit d’un chien inoffensif qui se contente d’aboyer fort mais qui ne mord pas : « Parler trop rapidement et trop simplement du bon Dieu a pour prix que ce Dieu est bon parce qu’il ne fait rien. Cela n’est sûrement pas une conception adéquate de l’amour de Dieu. »

La responsabilité morale des hommes est à la mesure de leur liberté, clairement réaffirmée dans le Siracide : « Ne dis pas : “C’est le Seigneur qui m’a fait pécher” car il ne fait pas ce qu’il a en horreur. Ne dis pas : “C’est lui qui m’a égaré”, car il n’a que faire d’un pécheur (…) Si tu le veux, tu garderas les commandements : rester fidèle est en ton pouvoir. » (Si 15,11-20).

Si la « tolérance », classée aujourd’hui première au hit-parade des vertus républicaines, désigne le respect des personnes, on n’aura aucun mal à lui trouver un enracinement biblique. Mais s’il s’agit d’un individualisme irresponsable dans un nivellement général des valeurs et un refus de juger les comportements, alors elle se verra contester par les textes les plus violents de la Bible, car précisément, pour la Bible, tout n’est pas tolérable et Dieu lui-même est saisi de saintes colères !

Le chrétien sait qu’il ne peut agir n’importe comment, que son agir n’est pas un jeu que Dieu le laisserait jouer sans le prendre au sérieux. Il sait qu’il devra répondre de ce qui lui a été confié, comme un intendant (cf. Mt 25,14-30 ; Lc 12,40-48).

Point n’est besoin d’imaginer l’enfer comme une punition ! Dieu ne punit personne… Il se contente de nous prendre au mot. Un jour viendra où il sera trop tard pour choisir qui nous voulons suivre, comment nous voulons vivre. Notre vie aura assez parlé. Ce jour-là, il se peut que nous constations alors qu’« un grand fossé » aura fini par se creuser entre nous et Dieu. Les évangiles reprennent – on l’a vu – les violentes images juives pour évoquer cet éloignement de Dieu : « les ténèbres extérieures » (Mt 8,12), « les pleurs et les grincements de dents dans la fournaise ardente » (Mt 13,42), « la géhenne où le ver ne meurt pas et où le feu ne s’éteint pas » (Mc 9,43) etc…

Chacun de nous mène sa vie comme il l’entend et donne, ou non, une dimension d’éternité à sa vie. L’enfer ou le paradis, chacun de nous se le prépare et peut en avoir dès maintenant un avant-goût ! Notre vie apparaît ainsi comme une affaire grave et c’est de là précisément que vient sa dignité. Devant un tel enjeu, il semble bien que les mots de la Bible ne seront jamais trop forts !

Père Émeric DUPONT, Curé

 

« LÈVE LES YEUX, REGARDE AUTOUR DE TOI »

8 janvier 2012

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Une nouvelle année commence et il convient de la débuter dans la louange et l’action de grâce pour que la bénédiction divine repose sur nous. En accueillant cette nouvelle année, tu dis oui à ta vocation et ta mission de fleurir ce que Dieu te donne : nouvel horizon. Quelles sont cette vocation et cette mission ? Lire la suite »

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